Le PDG du groupe Sonatrach, Mohamed Meziane, ainsi que d'autres cadres de la même entreprise sont sous les verrous. Même chose pour le secrétaire général du ministère des Travaux publics et bien d'autres personnalités dont les «affaires» ne sont pas encore ébruitées, tous pour répondre de malversations dans l'octroi des marchés de façon frauduleuse… En un mot, ils sont accusés de corruption. Ce fléau évoqué une foultitude de fois de par le préjudice qu'il cause à l'économie nationale a déjà fait réagir la classe politique et continue de susciter d'autres réactions. Le travail de la justice dans ce genre de scandale est ainsi mis en évidence outre son rôle, appelé à se renforcer avec davantage d'indépendance. «Il faut laisser la justice faire son travail», avaient déclaré les ministres de l'Intérieur et de l'Energie et des Mines à l'issue de la clôture de la session parlementaire d'automne, et «il n'est pas de tradition, dans le monde, de condamner les gens avant que la justice qui prend en charge ces affaires ne se prononce», avait également estimé Ahmed Ouyahia à l'issue du sommet de l'Alliance et qui a revêtu à l'occasion sa casquette de premier ministre, ce que d'aucuns considèrent comme la réponse officielle de l'Etat qui a d'ailleurs annoncé par la même occasion le renforcement de l'arsenal juridique par le lancement d'un observatoire contre la corruption et d'un autre organisme de lutte et l'installation de magistrats au niveau des institutions pour veiller au respect de la loi lors de l'octroi de marchés publics. Cela étant, est-ce que la volonté de l'Etat de lutter «avec sérénité» contre ce fléau qui ne date pas d'aujourd'hui est suffisante? Pour Louisa Hanoune, porte-parole du PT, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse sur les affaires actuellement en justice, «il est important de laisser la justice suivre son cours loin des règlements de comptes personnels». Cependant, l'ouverture du dossier Sonatrach, «une catastrophe due au gré à gré», aiderait selon elle à renforcer la confiance entre l'Etat et le citoyen. Elle soulignera par contre la nécessité «de la séparation des pouvoirs et la garantie d'une véritable indépendance de la justice» pour lutter contre la corruption, de même qu'elle préconisera de renforcer le rôle de l'IGF. Pour le parti de Moussa Touati, qui préconise l'activation des mécanismes de lutte contre la corruption, «la justice doit être ferme avec les auteurs de détournements de deniers publics». Interrogé par le Temps d'Algérie, le chargé de la communication au FNA, M. Tine, estime que «la corruption touche aujourd'hui tous les secteurs». Comme le PT, il considère que l'ouverture du dossier Sonatrach est à même de redonner confiance aux citoyens qui devraient croire en la justice de leur pays. Mais il considère a contrario que «si les choses restent en l'état et si les affaires se règlent dans des circuits fermés, la justice ne peut rien faire». Il reconnaît que cette dernière «subit des pression», d'où selon lui le rétablissement de son véritable rôle. Pour sa part, le secrétaire général du mouvement El Islah, Djamel Benabdeslam, l'indépendance de la justice est un impératif. «Il ne faut pas qu'on retombe dans le cas de l'affaire Khalifa où seulement des lampistes ont été sanctionnés», nous affirme-t-il, appelant à renforcer les prérogatives des juges. D'autres partis ont eu aussi à s'exprimer sur le sujet à l'instar de ceux de l'alliance (FLN, RND et MSP). Ils ont affirmé à la clôture du sommet de l'alliance que la lutte contre la corruption «est une opération inscrite dans la durée qui requiert une application rigoureuse de la loi». Pour eux, il faut prémunir les cadres intègres contre toute atteinte et empêcher que les médias ne prononcent leur jugement avant celui de la justice.