Inauguré le 18 novembre 2009, le 1er festival international d'art contemporain a été clôturé dimanche. Organisé au Musée national d'art moderne et contemporain (Mama) dans le cadre d'«El Qods, capitale éternelle de la culture arabe», cet événement a réuni plusieurs artistes, historiens et critiques d'art, originaires de plusieurs pays : Afrique du Sud, Nigeria, Cameroun, Maroc, Tunisie, Egypte, Palestine, Jordanie, Espagne, France, Mexique, Chili, Cuba, Chine, Iran, USA, Irak, Suède et Soudan. Discipline et matière, pensée et performance, l'interaction des matériaux donnent vie à une succession d'œuvres inédites. La plupart d'entre eux sont des artistes polyvalents traversant de multiples champs d'investigation, design, graphisme et scénographie. D'autres sont tout simplement designers passionnés par la mise en espace et le rapport à autrui dans leurs créations. L'œuvre s'anime au gré des envies de chacun, dans un perpétuel jeu de construction/déconstruction de l'image et de l'objet où la présence de la vidéo comme support est omniprésente. La plupart des thèmes choisis par ces artistes sont inspirés de l'actualité : immigration, harraga, Palestine, consommation, écologie, mais aussi les rites et coutumes des pays africains. Ici les exposants ont en sorte présenté leur vision du monde dans leur travail de création. La figuration poétique et lyrique est transposée aujourd'hui sous une forme plus ludique et volontairement répétitive. Mêlant les proportions, ils tronquent les perspectives et laissent opérer l'écho récurrent d'êtres et d'objets multipliés en faux-semblants. Un regard attentif montre que la multitude se compose de différences dans un vibrant mouvement perpétuel. Si cette technique évolue, la palette chromatique ou les images animées se font plus flamboyants, signe d'un regard nouveau sur ces sujets. Chaque artiste apporte la lumière et la vitalité de son pays Pour certains artistes qui restent tout de même attachés à l'art classique, ils continuent à travailler des matières aussi différentes que le métal, la résine, le marbre ou encore la terre, le plâtre et la cire. Cette nécessité de créer les a sans doute poussés vers une exploration intérieure et s'est exprimée, entre autres, par une écriture des corps, dans l'espace entre ciel et terre. Ces créations, souvent en mouvement, en tension, fortes et fragiles à la fois, restent proches du figuratif, mais tendent vers une épuration des formes. L'être humain est le centre de leurs préoccupations. Ici la peinture et au-delà de la peinture, cet espace incertain, mouvant entre l'image fixe et l'image animée. Chacun d'eux nous apporte la lumière et la vitalité de son pays qui baignent dans son œuvre, des toiles abstraites remarquables par la puissance expressive de la couleur et le dynamisme d'une construction toute en forces et contre-forces. Ces «représentations» peuvent être considérées comme des images de la vie. Portraits, traces d'une identité pour certains, bribes d'images pour d'autres, des dessins réalisés au fusain se dressent face au spectateur. Conçus à partir de photographies issues de la presse ou d'internet, quelques-uns de ces dessins de plus en plus effacés, de plus en plus dégradés sont voués à disparaître. Relation éphémère, accumulation de résidus, souvenirs anecdotiques... Tout ceci nous amène à prendre conscience de notre relation aux images et à leur sujet. Notre guide Kahina Boudedja nous a déclaré que les visiteurs qui se sont rendus à cette expo sont estimés entre 250 et 500 visiteurs par jour. C'est déjà un pari d'avoir «récupéré» cet établissement en lui donnant cette vocation pour la promotion de l'art. L'exposition invite alors les visiteurs à manipuler les sens. Mais c'est aussi finalement, encore et toujours, de la vitalité et de la diversité de la création.