Caricaturer le Prophète Mohamed, comme s'est amusée à le faire une bande de caricaturistes danois, ne serait plus qu'un jeu d'enfant devant le nouveau projet d'une poignée d'évangélistes américains. Cette fois-ci, l'actuel Secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, n'aura pas un malin plaisir de défendre la grande démocratie occidentale et sa traditionnelle liberté d'expression… à la carte. Pour la simple et bonne raison que les soldats de la coalition en Afghanistan seront les premiers à payer le prix. Non pas parce que l'état-major de l'armée US a eu vent d'une probable alliance entre Al Qaïda et les talibans auxquels Hamid Karzaï a tendu son bras. Mais à cause de ces quelques évangélistes égarés qui n'ont pas trouvé mieux pour commémorer l'anniversaire des attentats contre les tours jumelles que de brûler le Saint Coran. Et en public s'il vous plaît, histoire de rappeler à leurs semblables fanatiques que l'islam est une religion violente. Pendant qu'on y est, ils auraient certainement été moins hypocrites en employant le qualificatif de barbare. La Dove World Outreach Center passera-t-elle à l'acte, au risque de ne plus voir l'herbe dans la zone verte à Kaboul ? S'il est commis, cet autodafé mettrait le feu dans les quatre coins du monde islamique. Se réservant le droit de choisir les experts de l'AIEA qu'il estimerait sans étiquette politique, le régime de Téhéran a été le premier à mettre en garde les Occidentaux contre une telle atteinte au livre sacré du fait qu'elle ne fait pas partie de cette série de provocations, avec lesquelles les musulmans se sont plus au moins familiarisés, malgré eux. Il s'agit d'une véritable déclaration de guerre que décodent là les mollahs iraniens. Evidemment que ceux-là s'attendent à être accusés d'avoir sauté sur l'occasion, la guerre des mots entre eux et les Occidentaux ne faisant que commencer. Surtout après l'incident grave qui va continuer de les opposer à l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, au fil des négociations de paix directes. Aubaine ou pas au bénéfice des ultraconservateurs iraniens, le projet (si on peut l'appeler ainsi) de l'église fondamentaliste de Floride dépasse de loin tous les extrémismes auxquels le monde a eu à faire. Il ne manquait plus que ça au président Obama, qui même en arrachant 50 milliards de dollars au Congrès, ne fait plus rêver ses compatriotes. Pour ne pas dire qu'il ne les fait plus rêver. Alors que ses adversaires politiques n'ont pas terminé de dénoncer, à coups de pancartes, son soutien à la construction d'un centre islamique à quelques dizaines de mètres de Ground Zero, le revoici embarqué dans une autre «sale guerre» postélectorale. Contre son gré, le président Obama est dans l'obligation de réagir s'il ne veut pas que le général Petraeus se mette à distribuer des housses à cadavres plus qu'il en faut sans même avoir engagé le combat pour la reprise de Kandahar d'ici au mois de novembre prochain. Parce qu'ils sont semblables aux fous d'Allah, avec la petite nuance que ceux-là n'ont jamais projeté de brûler un exemplaire de la Bible, les tarés de Dieu devraient être sommés par les hautes autorités américaines à renoncer à leur projet qui, avouons-le, frise le ridicule. Au-delà du fait qu'il participe à entretenir l'amalgame, au nom d'un choc des civilisations que ni Kofi Annan ni Luis Zapatero n'ont réussi à proscrire à travers leur inexploitable plateforme de dialogue interreligieux. Du haut de son balcon papal, Benoît XVI dira-t-il tout son désarroi face à ces dérives ? Nous nous contenterons d'un chiffre qui risque de faire perdre la foi à plus d'un : l'ensemble des Églises évangéliques représente aujourd'hui 500 millions de personnes dans le monde, ce qui les place au second rang parmi les religions issues du christianisme. Dieu merci, ils ne sont pas tous issus de Dove World Outreach Center.