Après une accalmie qui aura duré presque tout l'été, voilà que la classe politique se réveille de manière brutale pour annoncer de gros «chamboulements» dans les semaines à venir. De quoi susciter quelques craintes dans l'opinion qui peine à percer la signification des propos tenus ces derniers jours par quelques ténors de la politique. La scène politique s'agite à nouveau, préludant une bataille féroce entre les principales forces politiques du pays pour le contrôle des institutions. C'est, en tout cas, le sens à prêter aux déclarations faites ces derniers jours par quelques hommes politiques et dirigeants de partis. A en croire leurs propos, le pays pourrait connaître des chamboulements profonds d'ici à la fin de l'année. Certains vont jusqu'à prédire des événements d'une exceptionnelle ampleur. Premier indice de la «révolution» qui se prépare, la dissolution probable de l'Assemblée populaire nationale et l'organisation de nouvelles élections législatives. Les déclarations de Abdelaziz Belkhadem devant la conférence nationale des maires d'obédience FLN ne laissent plus de doute sur la volonté du vieux parti d'instaurer de nouvelles règles pour les prochaines consultations électorales. A commencer par la mise à l'écart des partis sans véritable assise populaire et l'imposition du mode de scrutin majoritaire, notamment pour les futures élections locales, cela pour dépasser, selon lui, les situations de blocage vécues par près du tiers des Assemblées populaires communales. Plus important, Belkhadem s'est montré favorable à une révision urgente de la loi régissant le mouvement associatif afin d'éviter l'immixtion «illégale» dans les affaires politiques de la multitude d'associations satellites agissant sous l'autorité de quelques formations politiques, au pouvoir et dans l'opposition. Sûr du poids de son parti, M. Belkhadem entend consacrer, à travers les changements qu'il préconise, la mainmise du FLN sur les institutions détenant la réalité du pouvoir de décision. Des chamboulements ? Lesquels ? C'est dans ce sens qu'il faut interpréter les récentes déclarations de Me Ali Yahia Abdennour, qui craint des chamboulements importants d'ici à la fin de l'année. Enigmatique, le président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) a fait montre de son inquiétude quant à l'avenir immédiat de l'Algérie. Me Ali Yahia a évoqué, sans le préciser, un «chamboulement» dans les centres de décision, invitant la presse à traiter avec prudence les événements à venir. De quoi susciter les plus vives inquiétudes dans l'opinion, qui ne sait plus s'il s'agit de menaces réelles pesant sur le pays ou de propos exagérés d'un opposant connu pour son aversion pour l'actuelle équipe au pouvoir. Le doute ne fait que s'épaissir si l'on tient compte des prédications pessimistes de Saïd Sadi. Affirmatif, le leader du RCD considère que «l'après-Bouteflika a commencé». En témoignent, selon lui, la reprise en main des institutions par l'armée dont le ministère de l'Intérieur avec l'éviction de Yazid Zerhouni, et la direction générale de la sûreté nationale avec la nomination d'un général à sa tête. Deux arguments suffisants à ses yeux qui augurent d'une recomposition politique en défaveur du courant démocratique. Plus explicite sur ses craintes quant au devenir du pays, le FFS estime que «l'Algérie traverse une des périodes les plus creuses de son histoire». Karim Tabbou, premier secrétaire du parti, a évoqué dans ce sens le climat de désespoir dans lequel vit la majorité des Algériens. Un climat délétère qu'il attribue à la paralysie et la morosité qui caractérisent les institutions. Dans la même lancée, le Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD) estime que le pays vit présentement une situation de naufrage politique, économique et culturel, accusant le pouvoir d'être responsable de la généralisation de la corruption à tous les niveaux de l'Etat et de la société. En tout état de cause, quand bien même certains propos relèveraient de la pure spéculation politique, des déclarations aussi virulentes sont-elles à inscrire au seul registre de l'agitation politicienne ou bien faut-il plutôt les prendre au sérieux.