L'Aïd coïncide cette année avec le week-end chez nous. C'est aujourd'hui ou demain. Dans les deux cas de figure, c'est une longue fin de semaine qui s'annonce et qui a déjà débuté pour certains, notamment ceux des travaux saisonniers. Si c'est mardi, la journée de jeudi sera certainement sacrifiée par plusieurs travailleurs et autres fonctionnaires qui seront tentés par le «pont» en faisant l'impasse sur ce jour et de reprendre le travail que dimanche. C'est donc quatre ou cinq jours de repos. «Vu que l'Aïd intervient en fin de semaine, les citoyens, en particulier la catégorie active, ne se privera certainement pas de faire le pont pour ne reprendre le travail que dimanche, comme cela s'est déjà produit par le passé», a soutenu, sous couvert d'anonymat, une source de la Fonction publique. En cas de journée ouvrable jeudi, ceux qui comptent passer l'Aïd loin de leur travail ont pris leurs dispositions. Ils ont déjà averti leurs responsables et collègues. «C'est au bled que je vais passer les fêtes de l'Aïd et franchement, je ne pense reprendre le travail que dimanche. Cela d'autant plus que cela fait des mois que je n'ai pas rendu visite à mes parents», nous a indiqué Omar de Béjaïa, jeune employé à Alger. «J'ai déjà avisé mes collègues et mes responsables, inutile qu'ils comptent sur moi en cas de travail jeudi», affirme pour sa part Assia, employée d'une entreprise d'agroalimentaire à Alger et qui se rend à Jijel. La «culture du pont» est une nouvelle fois au rendez-vous à l'occasion de cette fête religieuse de deux jours chômés et payés, sauf pour ceux qui sont astreints à un travail posté, comme les services de sécurité, des hôpitaux, de la Sonelgaz, des médias lourds. Cela n'est pas sans se poser la question sur une éventuelle perte sur l'économie nationale. Des experts économiques divergent sur la question, tant il est difficile de savoir ce qu'il en est au juste puisqu'il n'existe aucun organisme en charge de l'estimation. «Nul ne pourra donner la moindre estimation au sujet de ces pertes», a soutenu l'économiste Mustapha Mekidèche. «Cette tendance à recourir à ce qui est communément appelé la pratique du pont à l'occasion des fêtes religieuses ou nationales est la fois récurrente et dramatique pour le pays», ajoute-il en affirmant qu'il s'agit «d'une situation dommageable pour tous les secteurs d'activité». Les propos de cet économiste sont remis en cause par le professeur Abdelhamid Mezâache pour qui «le repos est fait pour régénérer la force de travail». «Les fêtes nationales et religieuses sont, à la base, intégrées dans le fonctionnement des entreprises. Par conséquent, ces événements ne sont ni exceptionnels ni phénoménaux, et ceux-ci ne génèrent pas forcément des pertes économiques pour le pays», a-t-il expliqué.