Le climat est à l'émeute à Ouragla depuis plusieurs jours. Après une importante manifestation, jeudi dernier, c'était carrément l'émeute, hier, au niveau de la place du 1er-Mai, devant le siège de la daïra où ont éclaté de violentes échauffourées entre forces de l'ordre et jeunes chômeurs. Bilan : 3 blessés et 1 bus incendié. L'on apprend en effet de sources locales que les affrontements ont éclaté une fois que les forces de l'ordre ont investi la place du 1er -Mai où se tenait un rassemblement en guise de solidarité avec le jeune chômeur qui a tenté de s'immoler par le feu jeudi et qui a été blessé par une bombe lacrymogène lancé par les forces anti-émeute. «Les policiers ont fait dans la provocation», affirment nos sources qui évoquent même des menaces avec arme. Ce qui a, selon elles, déclenché l'émeute Le climat est très tendu dans cette ville du Sud à cause du dossier de l'emploi et les jeunes chômeurs qui se disent lésés dans leurs droits les plus légitimes ne comptent pas baisser les bras. «Nous irons jusqu'au bout, quitte à y laisser nos vies», nous déclarera un jeune chômeur qui, comme d'autres, attend «le jour de clarté». «Demain (aujourd'hui, ndlr), nous reviendrons à la charge», promet la même source qui affirme qu'ils étaient hier plus de 1 000 jeunes à se rassembler à la place du 1er-Mai. La même personne donne même un bilan plus lourd. «4 bus appartenant à l'Etat incendiés et une dizaine de blessés». Le Comité national de défense des droits des chômeurs a, de son côté, rappelons-le, décidé de tenir un sit-in vers la fin du mois en cours devant la présidence de la République. L'épineux problème de l'emploi risque d'embraser cette ville du sud du pays autrefois paisible. C'est la mauvaise gestion et le manque de transparence dans la gestion du dossier que les chômeurs n'ont eu de cesse de dénoncer depuis des lustres. «La corruption au niveau des agences locales de l'Anem est devenue la règle au vu et au su de tous», rappelle ce jeune chômeur qui n'omettra pas de désigner du doigt la commission envoyée par la tutelle pour enquêter à propos des dépassements constatés reconnus même par l'actuel directeur de l'Anem, Tahar Chaâlal, qui précisera toutefois dans un entretien accordé à notre journal que la commission n'est qu' «administrative». Malgré le départ de plusieurs directeurs d'agences locales, poussés à la porte ou démis, le dossier emploi n'a toujours pas été réglé et le diktat, dénoncé d'ailleurs par les chômeurs, de certains responsables ainsi que des multinationales est toujours de mise. Va-t-on attendre de voir Ouargla brûler pour agir ?