Les élus locaux des deux partis, le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), n'ont pas pris part hier à la rencontre régionale sur le développement local et les attentes des populations, sous l'égide du Conseil national économique et social (CNES). Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès sont les trois wilayas auxquelles le CNES a consacré hier sa rencontre tenue au musée El Moudjahid de la ville des genêts. Selon Farid Bouaziz, président du conseil fédéral FFS de Tizi Ouzou, «ces rencontres s'inscrivent en droite ligne du cadre des réformes politiques annoncées par le chef de l'Etat que le FFS a déjà boycottées. C'est pour cette raison que nos élus ont été instruits de ne pas y participer». Même son de cloche au parti de Saïd Sadi. Par le biais du président du bureau régional de Tizi Ouzou, Hamid Maakni, ce dernier nous expliquera que les élus du parti ont été instruits de ne pas prendre part à la rencontre d'aujourd'hui (hier, ndlr), car il s'agit d'une «suite du faux dialogue entamé par la commission Bensalah». Le même interlocuteur considère que «le CNES qui dit représenter la société civile dans toutes ses dimensions n'est pas habilité à discuter des réformes. Ces dernières, ajoute M. Maakni, se situent dans le changement du système lui-même, non pas ailleurs». La rencontre d'hier a été entamée par l'intervention du président du CNES Mohamed- Seghir Babès et les walis de Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou. Ces trois derniers ont tous mis l'accent sur les véritables problèmes et contraintes que rencontrent les élus dans l'exercice de leurs fonctions. Le foncier, la fiscalité locale et la nécessité de décentraliser le pouvoir exécutif ont pris la part du lion dans les interventions des premiers magistrats des wilayas. La décentralisation du pouvoir Ali Bouguerra, wali de Bouira, indiquera que sa wilaya bénéficie de plusieurs avantages dans le cadre des grands projets structurants, notamment le transfert des eaux et l'autoroute Est-Ouest. Cependant, le problème de la centralisation des décisions fait toujours défaut afin de relancer la machine du développement. Il dira que «la fiscalité locale est une question à laquelle les nouveaux codes de la commune et de la wilaya doivent répondre impérativement». De son côté, le premier responsable de la wilaya de Boumerdès axera sur le problème du foncier qui pénalise la réalisation des projets. Et quand ces derniers (projets, ndlr), ajoute-t-il, sont disponibles, il n'en demeure pas moins qu'un autre problème surgisse. Il s'agit de l'insuffisance des budgets alloués. «Il faut revoir à la hausse le montant des PCD, et donner aussi à la wilaya les moyens pour l'acquisition du foncier», suggère M. Kamel Abbès. Boumerdès, explique le même orateur, est touchée par le terrorisme et le séisme de 2003. Dans le cadre du programme RHP, le wali demandera à ce que les familles qui occupent jusqu'à présent les chalets soient prises en charge. Après le relogement des sinistrés, c'est d'autres familles issues des haouchs n'ayant pas été prises en charge lors du recensement de 2006 qui ont pris place. Pour Abdelkader Bouazghi, wali de Tizi Ouzou, le développement doit être compris autrement. «On a tendance, dit-il, à définir le développement par le pourcentage de 95% de pénétration de gaz, 90% d'électricité, 97% de chemins communaux… etc, mais en réalité, le développement, c'est lorsqu'on permet au citoyen d'avoir un emploi permanent, une façon de créer la richesse et garantir par la suite un avenir meilleur». Par la suite, l'intervention de Bouazghi s'axera sur la nécessité de donner aux APC les moyens de faire face à des situations financières urgentes. Donc, c'est la fiscalité locale qui revient en débat. De par ce qu'elle enduré (terrorisme, événement de 2001, kidnappings et autres), Tizi Ouzou n'est plus attractive pour les investissements privés, explique le wali. 11 000 travailleurs, c'est le chiffre qu'emploient les deux secteurs public et privé dans la wilaya, faut-il le préciser. Renversement du paradigme du sommet dominant Après avoir «permis la libération de la voix par les walis qui ont emprunté un langage critique», explique Mohamed-Seghir Babès, il faudra penser à renverser le paradigme du sommet dominant. Babès plaidera ainsi pour que la société civile joue désormais un rôle déterminant dans la construction de l'Algérie de demain. Il est primordial, selon lui, de revoir son concept et sa définition en Algérie. «Quel est le représentant légal de la population ?» se demandera-t-il. Pour lui, il ne faut pas négliger le rôle de la société civile traditionnelle dans ses concepts «tajmaat, touiza» et autres. Il ne faut plus attendre que l'Etat trace tout, mais penser comment créer cette richesse qui permettra à assurer l'Algérie de l'après-pétrole.