Missaoui Mabrouk, un ex-détenu à la prison de Guantanamo, poursuivi en Algérie pour appartenance à un groupe terroriste activant à l'étranger, a été acquitté jeudi par le tribunal criminel de la Cour d'Alger. Selon l'arrêt de renvoi, Missaoui Mabrouk (49 ans) a été transféré par les autorités américaines de la prison de Guantanamo (Cuba) vers l'Algérie après y avoir purgé neuf années. Missaoui Mabrouk a été jugé à Guantanamo sous le nom de Farhi Said (identité sous laquelle il s'était présentait aux forces américaines) par la justice américaine pour le chef d'accusation d'"ennemi combattant" et avait bénéficié d'un acquittement en 2008. L'affaire, selon la même source, remonte à 1993 lorsque Missaoui avait quitté le territoire national à destination de la France puis Rome en 1999 et enfin Londres en 2001 avec un faux passeport. A Londres, il fit la connaissance du dénommé Attef Mesri, de nationalité égyptienne, et de Abderrahim du Maroc. Ce dernier parvient à le convaincre de l'idée du djihad et lui propose un déplacement au Pakistan puis en Afghanistan. Le 3 juin 2001, il se rend à Islamabad puis en Afghanistan où il entre illégalement. Après les attentats du 11 septembre, il quitte le territoire afghan vers le Pakistan où les autorités pakistanaises le remettent aux forces américaines. Lors du procès, Missaoui a affirmé n'avoir "aucun lien avec ces groupes terroristes" ajoutant s'être "rendu en 2001 en Afghanistan pour se marier". Les autorités pakistanaises l'ont remis aux forces américaines contre un montant de "5000 dollars" pour être enfin transféré à la prison de Guantanamo, a-t-il dit. Missaoui a indiqué lors de l'audience avoir subi dans ce camp "les pires formes" de torture pendant neuf ans et qu'il en gardait à ce jour des séquelles. Me Boumerdassi Hassiba -avocate de tous les ex-détenus de Guantanamo-, a souligné dans sa plaidoirie que son client a été acquitté de tous les chefs d'accusation retenus contre lui par la justice américaine en 2008, brandissant à cet effet le jugement de non-culpabilité prononcé par les autorités américaines. Selon ce jugement, a-t-elle précisé, le fait que Missaoui soit parti en Afghanistan et rencontré des personnes qui enrôlaient des jeunes dans des groupes terroristes, "ne constitue pas une preuve de son appartenance à ces groupes". Elle a ajouté que son client a été incarcéré dans ce camp "pour la simple raison qu'il était arabe et se trouvait en Afghanistan", soulignant qu'il avait subi toutes formes de torture. L'avocate a rappelé que l'un de ses clients Hardabache Sofiane, ex-détenu de Guantanamo acquitté en 2010, souffrait actuellement d'une maladie mentale.