Déjà essoufflé depuis longtemps en raison de la dégradation de la situation sécuritaire qu'a connue le pays durant la décennie noire, le tourisme saharien vient de connaître son arrêt de mort avec l'attaque d'In Amenas par les sanguinaires agissant sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar. Avec des conséquences allant au-delà de nos frontières, l'attentat contre le site gazier de Tiguentourine suivi d'une prise d'otages a eu définitivement raison de tout espoir de voir le tourisme saharien s'épanouir de nouveau. Et pour cause, non seulement de nombreux Etats occidentaux, les Etats-Unis notamment, ont officiellement déconseillé à leurs ressortissants de se rendre dans le Sud algérien, mais les professionnels du tourisme sont aussi unanimes à certifier que «la destination du Sud est minée de mille et un dangers. S'y rendre relève d'un acte suicidaire». «Il n'y a plus d'espoir de faire du tourisme dans le Sud du pays», tranche de façon catégorique M. Boussalem, patron de l'agence Ziad Voyages dont le siège se trouve à Alger. «Avec la situation qui prévaut actuellement dans cette région, c'est une évidence que d'affirmer que le secteur du tourisme ne peut absolument rien donner, renchérit-il. Notre interlocuteur soutient toutefois que la ville de Timimoun, située à plus de 160 km au nord-est du chef-lieu de la wilaya d'Adrar, continue d'attirer quelques touristes algériens pour la beauté du désert en fin d'année ou encore à l'occasion de fêtes religieuses, à l'exemple du Mawlid Ennabaoui. «Mais jamais les touristes étrangers n'oseront s'aventurer dans le Sud algérien au seul motif que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies», dira en substance le responsable de l'agence de voyages. De son côté, Fateh Djermouni, un autre professionnel du tourisme, propriétaire d'une agence de voyages à Alger, confirme la fin programmée du tourisme saharien. Ce créneau selon lui n'est plus du tout lucratif, d'où l'orientation des activités de son agence vers la destination des Lieux saints, durant notamment la période de la Omra.
Une destination interdite depuis 2 ans Pour cheikh Salah, qui active aussi dans le domaine du tourisme, le constat sur la décadence du tourisme saharien en Algérie est sans appel. De son point de vue, cela fait deux années que l'ensemble des réservations des touristes étrangers en direction du Sud est systématiquement frappé d'annulation par les bureaux officiels, notamment les ambassades basées à l'intérieur et à l'extérieur du pays. «Actuellement, la destination du Sud algérien est très risquée, eu égard au contexte sécuritaire, dira en substance notre interlocuteur. Il soutient toutefois que la déchéance du tourisme saharien ne date pas d'aujourd'hui et remonte au début des années de terrorisme auquel le pays été confronté durant les années 90. Hier comme aujourd'hui, le Sud algérien est devenu zone interdite pour les touristes amoureux des sites féeriques du désert. Les arguments pour certifier cette réalité sont multiples et convergent tous à mettre en avant l'idée de la détérioration des conditions de sécurité. N'est-il pas vrai que tout développement est tributaire de l'instauration d'une sécurité optimale ? C'est aussi valable pour la relance du tourisme.