Il est évident et tout à fait normal, que quand on tient une chronique quotidienne, il faut avoir un minimum d´imagination pour trouver, chaque jour que Dieu fait, un sujet qui puisse attirer l´attention du lecteur et qui puisse combler son attente. N´étant ni un reportage, ni un récit de fiction ou anecdote amusante, la chronique se propose d´être, non pas une réflexion profonde (ce serait présomptueux!) mais une simple expression d´humeur passagère, un reflet instantané d´une impression qui peut être fugitive ou tenace. Le lecteur peut sourire, froncer le sourcil, se taper sur les cuisses ou froisser le journal d´un air rageur en se disant qu´il aurait mieux fait d´investir ses dix dinars ailleurs que dans la lecture de banalités ou généralités qui jonchent les mémoires de nos hommes politiques ou les journaux intimes des midinettes... La première qualité d´une chronique est de ne pas plaire à tout le monde. Elle ne doit, avant tout, pas laisser indifférent. Elle devra sans cesse interpeller tout le monde, du correcteur jusqu´au lecteur en passant par le censeur tapi dans un luxueux et confortable bureau climatisé où il passe le plus clair de son temps à faire des études de textes, à cocher les mots douteux, à suivre les chiures des mouches, d´une syntaxe mal maîtrisée et à produire des propos similaires à ceux d´une célèbre émission française, expression passée dans une célèbre publicité: «Celui-là, je l´aurai un jour! je l´aurai!». Tout cela pour illustrer le propos et l´ambiance dans laquelle vit le chroniqueur qui veut attirer l´attention sans s´attirer les foudres de toute une échelle d´intervenants qui pourrissent la vie du plumitif. Cela va du collègue qui vous jette un sarcasme, jusqu´au responsable qui vous convoque et, amicalement, la main sur l´épaule, vous dira: «J´aime bien ce que vous faites, mais évitez tel sujet, car vous ne le maîtrisez pas, et dans le doute, il vaut mieux s´abstenir». C´est vrai, les sujets sont légion mais ils sont sans cesse rabâchés par les collègues au point qu´on a toujours l´impression d´avoir lu cela quelque part. Tenez, on ne peut pas parler de terrorisme résiduel, expression qui date de son premier Premier ministère sans chatouiller l´amour-propre des militants du RND. Mon ami Hassan qui est un nationaliste obtu (contrairement à ce citoyen émigré là-bas à Genay en Bourgogne...), ne cesse de critiquer mon caractère de râleur. Il me reproche de n´être jamais content des réalisations effectuées à ce jour...Bien sûr que je suis content que l´Aadl existe pour résoudre l´insoluble problème du logement, mais dois-je pour autant me taire sur les délais jamais respectés, les promesses non tenues et toutes les situations anormales qui découlent de ce qui devait être une panacée. Dois-je me taire ou fermer les yeux sur les échos qui me parviennent du secteur de la santé? Les ministres s´y succèdent à une telle vitesse et les problèmes demeurent. Par contre, je ne peux que constater l´amélioration de l´accueil des assurés sociaux dans les services de la Cnas en soulignant, bien sûr, que si les remboursements sont effectués illico, le taux de remboursement, lui, laisse à désirer surtout en ce qui concerne les honoraires des praticiens... Dois-je parler ou non de la victoire de l´AKP (ces islamistes modérés turcs dont on dit partout que ce sont des loups revêtus de peau d´agneau) sans faire froncer les sourcils du censeur qui verrait là une allusion mal placée (par rapport à la rupture d´élections de décembre 1971). Je ne peux parler que des sujets qui fâchent ou dérangent, quant aux choses qui vont bien, il y a assez de place pour ceux qui, depuis 45 ans, ne cessent de seriner que tout va bien. [email protected]