L'affichage des résultats, un moment intense. Une fois de plus, la Kabylie décroche la palme académique, mais les wilayas du Sud interpellent les responsables de l'Education nationale. Avec un taux de réussite de 70.35%, les résultats du BEM sont les meilleurs jamais enregistrés depuis l'Indépendance. En effet, sur les 522 368 inscrits, 518.257 ont passé les épreuves du BEM et 364.569 ont réussi cet examen. Voilà qui donnera un argument de plus à une région qui n'a jamais failli à son devoir envers le pays. Cette joie que savourent enseignants, parents, élèves et responsables de l'éducation de Tizi Ouzou, est également appréciée par les associations de parents d'élèves. «Nous sommes plus que fiers de ces résultats extraordinaires qui sont les meilleurs depuis l'Indépendance», affirme Ahmed Khaled, président de l'Union des associations des parents d'élèves. Cette année encore, le taux de réussite à l'échelle nationale a battu le record en augmentant de près de 4%, il était de 66.36% en 2010. A la lecture des résultats chiffrés de l'examen du BEM dans sa version 2011, il ressort trois grandes constatations. La première n'est autre que la place de leader décrochée avec brio par la wilaya de Tizi Ouzou. Ce couronnement n'est ni un fait nouveau ni un hasard puisque cette wilaya se distingue chaque année par l'excellence de ses résultats, que ce soit à l'examen du BEM ou à celui du Bac. Une distinction qui mérite d'être observée de plus près. Quel est le secret de cette réussite? Le directeur de l'éducation de la wilaya répond que c'est le fruit de la rigueur et de la discipline. Il y a plus, affirme un parent d'élève: «La montagne du Djurdjura nous rappelle chaque fois que notre seul salut demeure la réussite dans les études. Nous n'avons pas de terres fertiles, la nôtre est ingrate et nous n'avons pas d'usines. Il ne nous reste que l'école et nous sommes acculés par la rudesse de la montagne à réussir», affirme ce montagnard plein d'entrain et de vivacité. Tizi Ouzou cache-t-elle le vrai secret de cette réussite? Car il faut dire qu'en termes de conditions, les élèves de Kabylie ne sont pas les mieux lotis. A Tizi Ouzou règnent une instabilité sécuritaire, des conditions géographiques et climatiques très rudes, les écoles et les CEM sont parfois très loin des villages. Il y a donc cette volonté taillée dans le roc du Djurdjura qui pousse à la réussite. «On n'a pas le droit d'être distraits, de nous plaindre du froid, le seul but est de bien étudier car nos parents travaillent dur aussi pour nous payer le transport, les affaires scolaires et les habits», raconte une collégien fier d'avoir réussi avec brio à son examen. «A Tizi Ouzou et même Béjaïa, qui s'est classée à la quatrième place, les parents s'intéressent de très près à la scolarité de leurs enfants. Malgré la pauvreté ambiante, les parents d'élèves préfèrent manger du pain rassis que de négliger la scolarité de leurs enfants», assure un autre parent d'élève. «Nos aînés nous ont toujours inculqué cet esprit de réussir par l'école, c'est devenu une tradition dans notre village. Chaque année nous organisons une fête pour les élèves qui ont réussi», témoigne cet autre parent supporter de la JSK, ajoutant sur une note d'humour:«N'est-ce pas que la JSK nous a toujours montré la voie?» Cela étant, les résultats de cette année révèlent un autre phénomène bien connu lui aussi: la réussite des filles avec un taux de 57.63% contre seulement 42.37% pour les garçons. Une différence d'environ 15% qui pousse les sociologues à dire que c'est la vague féminine qui progresse. A ce rythme-là, on peut s'attendre à voir, dans quelques années, une élite formée essentiellement de la gent féminine. Hôpitaux, tribunaux, administration devraient avoir dans les prochaines années une touche encore plus féminine... en attendant, bien sûr, l'Assemblée populaire nationale où les femmes sont toujours aussi marginalisées. Enfin, le troisième point qui est mis en exergue par les chiffres, est l'échec enregistré par les wilayas du Sud. Les 4 dernières places sont occupées par Illizi, Tamanrasset, Adrar et Tindouf. Là, les responsables de l'Education nationale sont directement interpellés...