Il s'agit de savoir quelle stratégie adopter face à Al Qaîda De hauts responsables diplomatiques, militaires, experts et stratèges y prendront part. L'Algérie accueillera mercredi et jeudi prochains une Conférence internationale sur le terrorisme, le crime organisé, et les retombées de la crise libyenne sur la sécurité régionale et le développement. De hauts responsables diplomatiques, militaires, experts et stratèges y prendront part. Près de 36 pays prendront part à ce rendez-vous. C'est dire que la portée de cet événement est de taille et renseigne tout autant, quant au rôle de l'Algérie sur l'échiquier international en matière de sécurité et de stabilité régionales. Américains, Russes, Chinois, Européens et Africains examineront à Alger des questions complexes relevant de la sécurité des peuples, en l'occurrence le caractère transnational du terrorisme. Il s'agit de savoir quelle stratégie adopter face à Al Qaîda, qui, à ne pas en douter, s'est dotée d'armes des plus destructives à la faveur de la crise libyenne. Laquelle crise introduit une nouvelle donne dans la situation sécuritaire au Sahel. Les spécialistes les plus connus rapportent avec moult arguments et détails que de grosses quantités d'armes, de différents calibres, mais également des quantités d'explosifs (Semtex) circulent en toute liberté dans l'ensemble des villes libyennes, souvent entre les mains de jeunes combattants libyens. Quelles armes pour lutter contre Al Qaîda? La question surprend aujourd'hui mais elle est pertinente. Sur cet échiquier régional, l'Algérie qui n'a pas été consultée sur le dossier libyen, s'avère aujourd'hui incontournable. Le député américain, Edward Royce, président de la sous-commission des Affaires africaines de la Chambre des représentants, a souligné à juste titre devant le Congrès, il y a quelques mois qu'«il y a de nombreuses leçons à apprendre de la lutte de l'Algérie contre le terrorisme», avant de suggérer «l'exploration de leçons de l'Algérie dans sa guerre contre le terrorisme afin de voir si elles sont applicables ailleurs». Ainsi, le temps où l'Algérie était seule et isolée sur la scène internationale est révolu. Elle est, désormais, considérée par de nombreux pays comme un partenaire-clé. D'où le fait qu'elle soit consultée pour arrêter une stratégie globale permettant de vaincre le terrorisme dévastateur. M. Lorenzo Vidino, sous-directeur d'un centre de recherche pour la sécurité et le terrorisme de «Investigative Project», a, lui aussi, indiqué devant le Congrès américain que les Etats-Unis ne sont pas assaillis par la même «vague de violence massive que l'Algérie a connue, mais il n'en demeure pas moins que les forces que l'Amérique combat actuellement appartiennent au même mouvement islamiste radical, qui a essayé de détruire les institutions de l'Algérie et sa société civile». Cela pour souligner la grandeur du combat du peuple et des services de sécurité algériens. Dans le même sillage, M. Vidino a estimé que les quinze années d'expérience de l'Algérie dans la lutte contre le radicalisme islamiste «pourront aider les Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme». Cependant, M. Lorne W. Craner, président de l'International Republican Institute (IRI), a fait savoir que l'Algérie a été très «coopérative avec les Etats-Unis dans la lutte mondiale contre le terrorisme». Pour cet ancien sous-secrétaire d'Etat qui était chargé de la Démocratie et des droits de l'homme au département d'Etat durant le premier mandat de George W. Bush, a même qualifié l'Algérie de pays constituant un réservoir d'expérience et de renseignements pour mener à bon port la guerre contre le terrorisme. De son côté, le directeur du Centre de recherches stratégique et sécuritaire (Crss), M'hend Berkouk, considère que les puissances occidentales ont réalisé, notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles du Word Trade Center, que l'Algérie, de par son capital expérience en matière de lutte contre les réseaux terroristes, est devenue un partenaire incontestable pour mettre sur pied une stratégie globale, visant à éradiquer le terrorisme, sous toutes ses formes. Et d'enchaîner: «Il a fallu à l'Algérie lutter seule, 20 ans durant, contre les affres du terrorisme pour que les puissances militaires occidentales fassent leur aveu et reconnaîssent les mises en garde de l'Algérie quant aux dangers du terrorisme et son caractère international». Selon cet expert, la convergence des efforts, notamment dans la perception commune des menaces du terrorisme, exige une coopération internationale pour asseoir les bases d'une stabilité durable et faire face aux défis communs en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Pour sa part, le conseiller auprès du Président de la République, Kamel Rezag Bara, a mis en garde l'an dernier à New York lors de la 2e revue par l'ONU de la Stratégie mondiale contre le terrorisme, contre la grave menace pesant sur la sécurité internationale pour faire barrage au terrorisme en l'absence d'une stratégie globale et coordonnée. «La lutte contre le terrorisme transnational pourra s'organiser et aboutir à des résultats de nature à contribuer à la revitalisation du processus de mobilisation antiterroriste et à donner un contenu concret à la lutte mondiale contre ce fléau, telle que définie dans la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies», a-t-il précisé.