Etre journaliste, animer un site ou tenir un blog peut encore exposer à la peine capitale, rappellent vendredi Ensemble contre la peine de mort (Ecpm) et Reporters sans frontières, à l'occasion de la neuvième journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre 2011. « Pour certains régimes, la subversion, l'atteinte à la sûreté de l'Etat ou encore l'apostasie sont autant de motifs de punir de mort la critique d'un gouvernement, la caricature d'un dirigeant ou le traitement d'un sujet sensible », indiquent les deux ONG. Pour elles, la peine de mort qui est « négation de la Justice par une justice qui tue », est aussi une « menace » et une « incitation à l'autocensure ». RSF et ECPM relèvent cependant que le nombre de journalistes condamnés diminue, et que même en Iran, considéré au deuxième rang des exécutions dans le monde, des peines de mort sont commuées ou annulées. Pour autant, les deux ONG estiment que la peine capitale « ne décourage pas le crime pas plus qu'elle ne répare la faute. Elle peut encore moins briser ce droit inaliénable d'informer, de contester et de prendre la parole ». Parmi ces exceptions que sont devenus les journalistes condamnés à mort, le plus ancien d'entre eux symbolise aujourd'hui la cause de l'abolition, signalent-elles, citant le citoyen américain Mumia Abu-Jamal, condamné pour le meurtre d'un policier au terme d'un procès « entaché d'irrégularités et de racisme ». Depuis trente ans dans les couloirs de la mort, ce détenu est toujours en attente d'un nouveau procès. En 1981, la France a été le 35e Etat au monde à abolir la peine de mort, le dernier en Europe de l'Ouest. Aujourd'hui, 58 pays continuent les exécutions. Depuis dix ans, 31 pays ont aboli la peine de mort. Selon des chiffres présentés par Amnesty international, l'an dernier, 23 pays ont exécuté des condamnés à mort. « Un monde sans peine de mort n'est pas seulement possible, il est inéluctable », avait estimé Salil Shetty, le secrétaire général d'AI. « La question est de savoir combien de temps cela prendra », avait-il dit, lors de la présentation du rapport annuel d'AI pour 2010.