Se contenter d'une statistique froide ne fera avancer en rien la situation peu reluisante de l'Université algérienne. L'université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (Usthb) a formé 60.420 diplômés depuis son ouverture en 1974, a déclaré avant-hier, à Alger, son recteur Benali Benzaghou. Sur les 60.420 diplômés formés par l'Usthb durant les 38 dernières années, 28.680 sont des ingénieurs d'Etat, 3816 magisters et 1014 doctorats notamment, a précisé M.Benzaghou au cours d'une conférence à l'occasion de la semaine de la fête de Usthb célébrant le 38e anniversaire de sa création. Faut-il se réjouir de ce chiffre? La réponse est évidemment oui. Cependant, se contenter uniquement d'une statistique froide ne fera avancer en rien la situation peu reluisante de l'Université algérienne. Il s'agit de savoir ce que sont devenus tous ces cadres formés par l'Algérie. La réponse ne sera jamais donnée car il n'existe aucune statistique sur cette question. Quand un pays ne se donne même pas les moyens de faire la traçabilité exacte de son élite, il y a réellement de quoi s'inquiéter. De cet angle de vue, on ne tirera ni honneur ni gloire des statistiques avancées par le recteur de la plus grande université d'Algérie. Il ne s'agit pas de former mais le défi aujourd'hui est d'offrir un environnement à même de fixer cette élite au service du pays. Force est de constater que cet environnement n'existe pas aujourd'hui en Algérie. Des enseignants d'université, des médecins et médecins spécialistes ont bien été bastonnés par la police. A Alger et à plusieurs reprises. Que dire encore du classement des universités algériennes dans le monde? M.Benzaghou a déclaré qu'il existe plusieurs classements. «Ce n'est pas tout à fait juste de dire que les universités algériennes sont partout mal classées», assure-t-il. L'Usthb a, selon lui, mis du temps pour comprendre que «tous les classements se font sur la base des informations disponibles sur Internet». Sur ce constat, a-t-il ajouté, l'Usthb a fait l'effort de développer son site Internet, d'actualiser son contenu et le doter d'une version anglaise. Le résultat est là: en juillet 2010, a rappelé M.Benzaghou, l'Usthb avait figuré à la 5219e place dans le classement espagnol «webometrics», en janvier 2012, elle a occupé la 2276e place dans le même classement (sur 20.000 universités). «Nous avons gagné 3000 places uniquement en faisant un effort de visibilité sur Internet», a-t-il expliqué. Mais passer de la 5219e à la 2276e place est-ce vraiment une performance? Cela étant, l'Université de Bab Ezouar fête ses 38 années d'existence tout de même. Cette manifestation, organisée annuellement, a été placée cette année sous le thème de la contribution de l'université Houari-Boumediene aux 50 ans de l'indépendance du pays. Le programme de célébration du 38e anniversaire de la création de cette université prévoit une série de conférences thématiques dans ses différents départements et des activités de loisirs (expositions et concours). Par ailleurs, interrogé sur le «mauvais» classement des universités algériennes au niveau international, M.Benzaghou, pour une meilleure «visibilité» de cette université sur le Web notamment, considère que des efforts supplémentaires demeurent nécessaires ne serait-ce que parce que la dénomination «Usthb» apparaît sous 160 déclinaisons au lieu d'une seule dans les travaux publiés dans les revues internationales par les cadres qu'elle a formés. «Ces classements ne nous complexent pas. Nous faisons continuellement des efforts d'amélioration comme toutes les universités», a dit M.Benzaghou.