Jazz chaud des Caraïbes C'est le quartette Sakesho qui a eu l'insigne honneur de clôturer en beauté ce troisième cycle musical que compte l'événement «Des racines et des airs». La salle Ibn Zeydoun a abrité lundi dernier l'ultime concert de jazz entrant dans le cadre du cycle Jazz d'ailleurs organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel. Un «jazz dynamique», des Caraïbes, nettement plus énergique que les précédents qu'on a jusque-là été amené à apprécier. C'est le quartette Sakesho qui a eu l'insigne honneur de clôturer en beauté ce troisième cycle musical que compte l'événement «Des racines et des airs». Rassemblant de très grands noms de la scène internationale, ce quartette s'était déjà produit à Alger avec une formation différente lors de la seconde édition de «Alger jazz meeting» en décembre 2009. Mené par le pianiste martiniquais Mario Canonge, le quartet se compose du bassiste français d'origine martiniquaise, Michel Alibo, qui n'est pas à son premier voyage en Algérie, du batteur Jean-Philippe Fanfant et de l'Américain Andy Narell, initiateur du «Steeldrum» (tambours d'acier aux sonorités particulières). La fraîcheur des Caraïbes est d'emblée de mise. Le public ne manquera pas d'y adhérer complètement très vite. Le jazz est enjoué, chaud! le rythme se maintient, s'adoucit parfois, laissant place à des moments d'accalmie. Le sourire ravageur du batteur Jean-Pilippe Fanfan, qui se donne à coeur joie sur son instrument, ne va plus le quitter. Le groupe incite le public à immerger dans son concert en lui faisant reprendre en choeur cette phrase «We want you to say yeh!». Michel Alibo, monstre sacré de la basse, laisse parler son instrument pour nous faire voyager dans un jazz latino pour les mordus de la salsa. Quelques moments de fulgurance viennent atteindre le concert. Torride! L'atmosphère finale est au paroxysme poussant le public à l'exultation. Sakesho, considéré comme un groupe mythique dès sa formation, par un casting éblouissant a tenu sa promesse de nous faire goûter à un jazz de qualité, le meilleur dans sa différence avec les autres auquels on a eu à assister. Reconnu comme «la» référence internationale des rythmes caraïbes, le batteur n'a pas laissé indifférent, encore moins «le» bassiste du non moins mythique Sixun et Andy Narrell référence absolue en matière de steel pan (qui s'illustre en outre avec le faramineux Bela Fleck) aux côtés du pianiste le plus doué de sa génération. «Depuis plusieurs années déjà Sakesho n'a de cesse de démontrer son inventivité et sa vigueur dans un style d'une originalité rare, un jazz aux couleurs chaudes et tropicales, aux lignes mélodiques souples et somptueuses accessibles aux oreilles de tous mais " jouables " par personne d'autre qu'eux, et c'est la signature des très grands que de nous faire oublier leurs prouesses techniques», peut-on lire dans une courte mais néanmoins très flatteuse présentation du groupe. Michel Alibo est aussi l'un des bassistes jazz et world music les plus accomplis, plus connu par le public pour sa participation aux projets du batteur algérien Karim Ziad. Ce concert a aussi été l'occasion pour le public de découvrir Andy Narell et ses Steelpan, un instrument originaire du Trinité et Tobago (Caraïbes). Ce tambour fabriqué avec le fond d'un fût métallique dont la face est martelée pour réaliser un ensemble d'alvéoles, se joue grâce à des mailloches pour donner une mélodie symphonique harmonieuse. Cet instrument a été introduit dans l'univers du jazz par Andy Narell qui est aussi programmé lors du spectacle d'ouverture du Festival culturel international de jazz de Constantine, Dimajazz, prévu du 14 au 23 juin. Un évènement de taille celui-là et pour cause! Pour la célébration de son dixième anniversaire, les organisateurs ont vu grand, en élargissant le programme à dix jours avec au menu de grands noms de la scène du jazz mondiale mais aussi des artistes algériens en off pour une large présentation musicale dans la ville des Ponts. Le public constantinois aura de quoi jubiler et cela pendant 10 jours complets. Ce sera vraiment la fête du jazz dans tout ses états. On y reviendra!