«L'ouverture de l'audiovisuel au secteur privé est une «évolution importante» Ce que la classe politique revendiquait depuis plus de 25 ans est devenu enfin une réalité, puisque les députés de l'Assemblée ont adopté hier à la majorité le projet de loi relatif à l'activité audiovisuelle. En l'absence du président de l'Assemblée, Larbi Ould Khelifa qui conduit au Koweit la délégation algérienne aux travaux du 20e Congrés de l'Union parlementaire arabe, c'était le vice-président Abdelkader Abdellaoui qui a présidé en séance plénière cette plénière et consacré cette loi qui va révolutionner le paysage médiatique Le projet de loi qui comporte 107 articles a été approuvé par la majorité des députés en présence de M.Abdelkader Messahel ministre de la Communication. Les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), du groupe parlementaire du Parti du développement et de la justice (PDJ) et du Front des forces socialistes (FFS) ont voté non. Le vote sur le projet de loi relatif à l'activité audiovisuelle s'est déroulé en présence de 247 députés représentant les formations politiques de l'APN. Plus de 48 amendements étaient enregistrés, pour la plupart déposés par l'opposition composée de l'Alliance verte, du PJD et du FFS. Le Parti des travailleurs qui avait déposé six amendements voulait surtout faire barrage à toute limitation d'ouverture audiovisuelle. Dans une déclaration, le président du groupe parlementaire de l'Alliance verte, Youcef Khababa, a résumé les amendements de son alliance en cinq points: refus de limiter les activités audiovisuelles à des chaînes thématiques, donner une indépendance à l'autorité de régulation audiovisuelle et faire en sorte que ses membres soient élus et non pas choisis et surtout supprimer le droit à cette autorité de retirer les autorisations aux télévisions privées entre autres. En réalité, l'opposition était divisée sur le projet en raison du degré de liberté accordée par cette ouverture audiovisuelle. Le FLN et le RND qui avaient largement profité des couvertures de la télévision publique avaient voté pour une ouverture graduelle de l'audiovisuelle au privé en Algérie. Alors que les islamistes, à l'image de la députée de l'Alliance verte Naïma Madjer assisse dans le coin, assistaient à la fin du monopole de l'Unique. Devant l'absence d'une opposition solide et surtout réaliste pour inverser la tendance, la loi telle que présentée par le ministre de la Communication est passée sans trop de modifications. Seulement quelques amendements sont passés après retouches de la commission de la culture, de l'information et du tourisme, qui vantait dans sa communication l'importance du projet dans le paysage médiatique national et l'avancée qu'il pouvait accorder à l'Algérie. Pour le ministre de la Communication Abdelkader Messahel, l'ouverture de l'audiovisuel au secteur privé est une «évolution importante» en matière de développement de l'Algérie, et s'inscrit en droite ligne dans l'élargissement et l'approfondissement de la démocratie. Intervenant devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN), à l'issue du débat autour du projet de loi relatif à l'activité audiovisuelle, M.Messahel avait exprimé sa conviction que ce secteur «complétera» et «enrichira» le paysage médiatique en créant, a-t-il dit, «une émulation pour plus de performance et une meilleure qualité». «L'idée force est que l'ouverture de l'audiovisuel complète l'ouverture médiatique entamée par celle de la presse écrite en 1990, répondant ainsi aux attentes du citoyen», a-t-il estimé. Le ministre de la Communication a considéré qu' «il est évident que dans un débat démocratique, des points de vue peuvent diverger», mais pour l'essentiel, a-t-il relevé, les enjeux que présente ce projet de loi «expriment cette volonté commune de promouvoir les idéaux de progrès et de modernité auxquels aspire la société algérienne». Le projet de loi sur l'audiovisuel poursuivra son parcours législatif et devra passer cette semaine au Conseil de la nation où le texte sera adopté en principe le 27 janvier prochain, ce qui consacrera officiellement l'ouverture audiovisuelle aux télés privées.