Le Théâtre national algérien a abrité jeudi après-midi la générale de la pièce de théâtre El Kors El Asfar. Produite par le Théâtre régional de Mascara, El Kors El Asfar, est une pièce basée entièrement sur la métaphore suggérant les répercussions fatales sur la vie des êtres, causées par la supposée extinction du soleil suggérant un avenir démuni d'amour et d'humanisme. Dans un royaume en péril, les membres de la famille régnante n'ayant plus aucune source de vie se nourrissent de chair humaine et entretiennent des relations régies par le stratagème et le complot, voyant en leurs administrés, devenus contestataires, des proies potentielles. Porteur d'un message universel, le spectacle sonne telle une alerte pour prévenir contre tous les méfaits générés par les visions sectaires et étroites qui font les politiques des grandes nations dans le monde. Conçu et mis en scène par Rabia Guichi sur un texte de Fathi Kafi, le spectacle donne un aperçu sur le monde de demain, en l'absence de solidarité entre les individus et les nations, dans une métaphore où la disparition de la faune et la flore pousserait l'homme, en quête de survie, à l'égocentrisme et l'indifférence. «L'idée d'une éventuelle conception d'un nouveau monde gagnerait certainement à être nourrie d'amour, d'humanisme, d'égalité et de tolérance pour aboutir au partage équitable des richesses entre les individus et les nations et permettre une vie décente à tous», a expliqué le scénariste. Dans une mise en scène concluante, le souci de donner une forme lisible à un texte dont le message est livré au second degré a prévalu, laissant le sentiment de cruauté qui s'est emparé des membres d'une même famille mettre en exergue l'absolue nécessité de revenir à l'amour et l'humanisme. Interprétée par 22 comédiens issus de différents théâtres régionaux, la pièce était marqué par des conflits physiques suggérant les événements funestes. Dans un rythme soutenu exprimant l'urgence, les personnages ont évolué dans un environnement marqué par les conséquences d'un soleil démissionnaire qui a instauré un ordre impitoyable et démesuré. De belles chorégraphies signées Aïssa Chouat ont donné plus de crédibilité au spectacle, illustrant la tourmente et le désespoir des petites gens, souffrant de malnutrition et traînant leurs organismes anéantis par la faim et le froid. La scénographie signée Abderrahmane Zaboubi se traduit par un décor fait de cylindres transparents coupés en longueur, derrière lesquels les nobles étaient momifiés après leur mort et les prisonniers gardés avant leur exécution. La musique, bien recherchée, oeuvre de Hassen Amamra, soutenue par un bon agencement de l'éclairage, a également été concluante, créant une atmosphère lugubre et une ambiance de détresse qui ont renforcé la sémantique des situations dans un spectacle plein et utile qui a plu au public.