La générale de la pièce de théâtre Choukhous Moutaqatiaâ (personnages croisés) a été présentée jeudi à Alger, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), dans un univers tragique qui a dépeint l'absence de communication dans une société où des trajectoires de vie se croisent dans l'indifférence et l'ignorance de l'Autre. Ecrit et mis en scène par Hamid Gouri, le spectacle confronte cinq histoires indépendantes les unes des autres, mettant en valeur cinq personnages tourmentés, chacun par une histoire singulière et dramatique qu'il a eue à subir. Le délabrement des lieux de culture, la marginalisation de l'élite intellectuelle, les espoirs perdus de l'artiste et l'aspiration à plus de liberté d'un journaliste accablé par l'incertitude, sont autant de symptômes d'une société en détresse, traités dans une trame fragmentée avec comme seul dénominateur commun, l'adversité. Djahida Meslem, Louiza Habani, Zihar Lounis, Lyès Boulaâraf et Hichem Kihal (également assistant à la mise en scène), respectivement, l'ancienne journaliste, Antigone la révolutionnaire, Barbie l'étudiante aux moeurs légères, Baby le terroriste repenti et l'artiste amoureux de Shakespeare, ont porté le texte de manière fort brillante se donnant comme réplique de transition dans les dialogues, le désarroi, l'amertume et le désespoir. Bien que rendues dans l'arabe classique ou le dialecte algérois, les différentes histoires se ressemblaient dans les tourments et le mal-être qu'elles véhiculaient et ce, en dépit également - pour certaines d'entre elles - des appels faits à l'endroit du théâtre universel.