Le souverain chérifien s'est adressé le 20 août à sa nation à l'occasion du 61ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Ceux qui attendaient un discours belliqueux de Mohammed VI vis-à-vis de l'Algérie doivent être très déçus. Le contexte s'y prêtait pourtant. Depuis quelques jours le ton est monté dans certaines officines du Royaume. Le chef du gouvernement marocain, Abdellilah Benkirane, relayé par son chef de la diplomatie, Salaheddine Mezouar, ont tenu des propos indignes de responsables de leur rang qui ont blessé et choqué l'opinion publique algérienne. Mohammed VI a choisi de ne point souffler sur les braises. Une position qui prédispose au destin commun des deux peuples qui reste à construire. A la normalisation des relations entre le Royaume chérifien et l'Algérie et à l'ouverture de la frontière que nos frères marocains appellent de tous leurs voeux. Le sillon est tout tracé. Le chemin qui y mène est tout indiqué. «Nous avons... opté pour le dialogue et la politique de bon voisinage avec tout le monde sans l'immixtion dans les affaires internes des Etats. L'Algérie continuera ses démarches pour arrêter l'hégémonie, l'effusion de sang et le démantèlement des régimes, car la stabilité et la sécurité de notre pays sont tributaires de la stabilité du voisinage», a souligné le président de la République dans un message prononcé le 20 août à l'occasion de la double commémoration de l'offensive du Nord Constantinois et du Congrès de la Soummam. «Le choix de la date de l'offensive du 20 août 1955 portait en lui une expression de solidarité particulièrement avec le peuple marocain frère à l'occasion du 2e anniversaire de l'exil du Roi Moudjahid Mohammed V, puisse Dieu lui accorder Sa Miséricorde», a précisé Abdelaziz Bouteflika. Comme pour rappeler que l'Algérie et le Maroc ne peuvent échapper à leur histoire commune. A ce destin commun auquel aspirent leurs deux peuples. La voix de la sagesse. Le souverain marocain l'a-t-il entendue? Tout indique que du côté du Palais royal, le message a été reçu cinq sur cinq. En évitant l'escalade verbale, le roi a sans doute opté pour l'apaisement. L'Algérie a été l'objet d'attaques, d'accusations mensongères, d'insultes et d'une campagne de diffamation sans précédent de la part des responsables et des médias marocains. Le ton est à l'apaisement. C'est en tous les cas l'analyse et la thèse soutenues par les spécialistes qui décryptent les relations algéro-marocaines. Mohammed VI a choisi de concentrer tout son discours sur les questions économiques et sociales qui préoccupent son peuple sans évoquer l'Algérie. Est-ce un indice d'un tournant dans les relations entre le Maroc et l'Algérie? Le temps nous le dira. Le fait de ne pas faire dans l'invective, de ne pas jeter de l'huile sur le feu est un indicateur crédible d'un retour vers des relations moins conflictuelles. Plus apaisées. Ne dit-on pas que la parole est d'argent, mais le silence est d'or? Mohammed VI a vraisemblablement fait sienne cette devise. Pour faire taire les commentaires qui pourrissent les liens ancestraux entre l'Algérie et le Maroc...