C'est connu, France 24 est la vitrine de la politique extérieure de la France, mais ce qui l'était moins, c'est la position des responsables. Avec Marc Saikali, c'est chose faite, puisque le patron de la télévision de Média France, a ouvertement affiché sa position sur le traitement de l'Etat Islamique. Ainsi, le directeur de France 24 a envoyé un e-mail à sa rédaction sur le traitement de l'Etat Islamique à l'antenne. Il enjoint les journalistes à «sortir d'une sorte de neutralité stupide» pour «prendre position». «Nous devons, sur nos antennes, avec nos invités, dans nos débats, ouvertement prendre parti contre ces barbares. Je vous demande donc de veiller à chaque mot, chaque plan. Les images que nous diffusons avec des drapeaux noirs flottant au vent et de jeunes gens en pleine santé doivent obligatoirement être soumises au synthé: vidéo de propagande. Y compris en arabe. [...] La ligne éditoriale de la chaîne est claire: ce sont des terroristes et des barbares. J'attire particulièrement l'attention du booking sur les invités. Je ne veux plus voir un seul crétin qui justifierait les actions de ces sauvages sous prétexte de politique sunnite/chiite. Pour une fois, il y a les gentils et les méchants! Eux, sont les pires ennemis de notre civilisation. Nous allons devoir gérer leur existence pour au moins cinq ans. Au moindre dérapage, je serai intransigeant. Notre devoir est de lutter contre eux. Tout le temps. Avec au moins 43 millions de téléspectateurs, nous avons une responsabilité immense.» Ces instructions ont été mal vues par les différents collectifs de rédaction qui se sont insurgés contre l'ordre intimidant d'un responsable passionné. La Société des journalistes de RFI, rapporte l'émission Arrêt sur images, a réagi en demandant avec ironie: «La boîte de Marc Saikali a-t-elle été piratée?» avant de rappeler que «ces propos vont totalement à l'encontre des règles de déontologie de base enseignées en première année d'école de journalisme, et nuisent gravement à la réputation de France Médias Monde et à celle des journalistes du groupe qui sont, eux, guidés par ces mêmes règles». Quelle mouche a donc piqué Mark Saikali pour qu'il réagisse de la sorte, obligeant ses journalistes à suivre ses instructions? En réalité, c'est dans ses origines que se trouve la réponse. Chrétien d'origine libanaise, Mark Saikali s'est senti attaqué sur le plan personnel pour réagir ainsi. Lui qui dirigera l'ensemble des rédactions francophone, arabophone et anglophone de France 24, qui avait débuté sa carrière en 1988 à France 3 Normandie comme reporter et présentateur de journaux. Lui qui a participé au lancement de Medi 1 TV, chaîne de télévision parapublique créée par les pouvoirs publics français et marocains pour promouvoir les cultures francophones et maghrébines au Maghreb, ne pouvait pas supporter les crimes barbares commis par l'EI a fait du traitement de Daesh une affaire personnelle. Mais qu'en est-il d'Aqmi? Pourquoi il n'a pas réagi quand l'Algérie subissait les affres du terrorisme durant les années 1990? Pourquoi il réagit seulement maintenant à la barbarie terroriste? Des questions auxquelles on aimerait bien avoir les réponses. [email protected]
