La pomme de terre, la pomme de discorde entre deux ministres Au lieu de trouver une vraie solution à ce problème dont le ministre de l'Agriculture et celui du Commerce se partagent la responsabilité, ils se «chamaillent» en se renvoyant la patate chaude. La crise de la «patate» va-t-elle se transformer en crise du gouvernement? En tout cas c'est la pomme de terre de la discorde entre Amara Benyounès et Abdelwahab Nouri. Le ministre du Commerce et celui de l'Agriculture, tout deux responsables de cette situation qui menace la stabilité sociale du pays, se lancent la patate chaude. A coups de communiqué et de déclarations interposés, ils se renvoient la responsabilité. Samedi dernier, le ministère du Commerce a rendu les conclusions de son enquête sur la crise de la pomme de terre. «C'est la faute du ministère de l'Agriculture», est le résumé que l'on peut donner aux conclusions de cette enquête. Le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane, affirme sans ambages que l'insuffisance des quantités de pomme de terre stockées dans le cadre du Syrpalac et leur mise tardive sur le marché ont provoqué une flambée considérable des prix du tubercule. Pour lui, le Système de régulation des produits agricoles frais de large consommation (Syrpalac), qui dépend du ministère de l'Agriculture, a été tout simplement défaillant! L'insuffisance des quantités de pomme de terre stockées dans le cadre du Syrpalac et leur mise tardive sur le marché, a-t-il poursuivi, ont provoqué une flambée considérable des prix de la pomme de terre. «La cellule mise en place par le ministère du Commerce n'a pas révélé, jusqu'à présent, des stockages clandestins à grande échelle, mais a constaté une quantité nettement moins importante qu'à l'année dernière», a indiqué Abdelaziz Aït Abderrahmane avant d'aller plus loin en assurant que «le marché n'avait pas été alimenté à temps». «Nous avons lancé un signal dès le début septembre, quand les prix ont commencé à augmenter, pour faire rentrer sur le marché les quantités stockées. Cet appel n'a pas été pris en considération», a-t-il témoigné pour ce qui semble être une accusation à peine voilée lancée contre le ministère du Commerce. En fait, cette sortie de M.Aït Abderrahmane n'est qu'une réponse «diplomatique» de Amar Benyounès à Abdelwahab Nouri qui avait déclaré que la flambée des prix de la pomme des terre est due à la spéculation et au dysfonctionnement du marché. En termes clairs: «C'est les services chargés de la répression de la fraude et du contrôle des produits qui ne font pas leur travail.» Preuve de la réponse du berger à la bergère, Abdelaziz Aït Abderrahmane a dans sa déclaration rappelé que la régulation des produits agricoles frais ne relève pas du ministère du Commerce, tout en minimisant le rôle de la spéculation dans la hausse des prix. Les hostilités sont donc ouvertes entre Benyounès et Nouri. Ces deux membres du gouvernements se sont ainsi désolidarisés en se «chamaillant» en public au lieu de trouver des solutions concrètes au problème. On s'attendait à des révélations fracassantes sur cette grave crise qui met en péril la stabilité sociale du pays. On s'attendait à ce que des têtes tombent, des lobbies soient démasqués, la mafia de la pomme de terre démantelée... Rien de tout cela! Les ministres préfèrent se renvoyer la responsabilité qui leur incombe à tous les deux. Car, il faut dire les choses clairement, le règlement de cette crise émane de ces deux départements ministériels qui ont encore une fois lamentablement échoué dans la régulation et l'approvisionnement du marché de la pomme de terre. Deux ministères qui en 2014 n'ont pas réussi à prévoir et a anticiper cette crise, nous sommes là devant un terrible «camouflage» d'incompétence de gestion...