L'action de protestation initiée jeudi à El Kseur par le comité de la société civile pour « montrer sa détermination à faire aboutir l'honorable plate-forme d'El Kseur » a été marquée par un incident sans précédent. C'est en fait un élément qui dénote la nouvelle phase que traverse le mouvement citoyen. En effet, alors que la figure de proue du Mouvement citoyen à Béjaïa, en l'occurrence Ali Gherbi s'adressait toujours aux quelques dizaines de personnes présentes sur l'esplanade de la mairie, deux projectiles fusèrent de l'assistance dans sa direction sans pour autant le toucher. Après un moment de panique, Ali Gherbi reprend sans sang-froid et poursuit son intervention pour aborder des sujets qui touchent à la vie de tous les jours. Outre l'exigence de la satisfaction de la plate-forme d'El Kseur, réitérée à l'occasion, le président du CSC d'El Kseur s'est attardé beaucoup d'abord sur le bitumage de la ville qui, selon lui «doit toucher tous les quartiers de la ville». Au cours de cette même prise de parole, Ali Gherbi dénoncera l'attribution des 100 logements récupérés après la délocalisation de la brigade de Gendarmerie nationale, aux profits des enseignants de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa. Ali Gherbi estimait qu'ils (les logements) revenaient de droit aux citoyens. Mais c'est au moment où il abordait l'opération de démolition des constructions illicites que les choses se sont gâtées. La prise de position exprimée à l'occasion en faveur des commerçants ciblés par ladite opération lui vaudra les foudres des présents dont un osera même un geste qui aurait pu coûter cher à l'orateur, soutiennent plusieurs sources. Un citoyen, militant des archs et donc ancien camarade d'Ali Gherbi aurait mal pris cette position et s'en prend directement à Ali Gherbi en lançant dans sa direction deux cocktails Molotov qui ne toucheront finalement pas leur cible. Hier, les stigmates des deux projectiles étaient encore visibles sur la place de la mairie où s'est tenu le meeting ayant sanctionné une marche, qui n'avait pas drainé beaucoup de monde. Seules quelques dizaines de personnes, en majorité des jeunes, ont pris part à l'évènement marqué aussi par un très faible suivi du mot d'ordre de grève. «Seuls les commerçants concernés par l'opération de démolition ont souscrit à la grève» soutenait hier un commerçant qui affirmait avoir ouvert son commerce durant toute la journée. Même la tentative de faire évacuer le lycée de la ville s'est soldée par un échec. Les lycéens ont tout simplement refusé de quitter leur salle de cours. L'incident de jeudi à El Kseur sonne, pour ainsi dire, comme la fin du règne des archs en Kabylie. Survenu dans une ville, pionnière de la protesta kabyle, cela ne peut que conforter cette mort qui ne dit pas son nom. Après la démobilisation puis l'indifférence citoyenne, les archs en sont arrivés à subir la colère de ceux qu'ils sont censé représenter. Le geste commis hier par un ex-camarade de combat illustre on ne peut mieux la dérive des archs en Kabylie lesquels sont amenés même à exploiter la peine des autres pour tenter un vain retour sur le devant de la scène politique et médiatique. L'incident n'a pas été condamné par les citoyens de la ville d'El Kseur qui donnaient hier l'impression de le soutenir même en des termes à peine voilés. Même cas de figure chez les autres délégués de la Cicb qui ne sont même pas au courant de l'affaire en question. Quant à réagir, ils n'en sont pas encore là.