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L'EI fait oublier Israël
IL MULTIPLIE LES ATTAQUES SANGLANTES SUR TOUS LES FRONTS
Publié dans L'Expression le 28 - 06 - 2015

Depuis un an, la coalition emmenée par les Etats-Unis et composée de pays européens et asiatiques ainsi que des membres du Conseil de coopération du Golfe «bombarde» sans relâche les positions de l'EI en Irak et en Syrie.
Alors que la Tunisie était encore sous le choc au lendemain de l'attentat sanglant dans la station balnéaire d'El Kantaoui, à Sousse, faisant 37 morts parmi les touristes, étrangers pour la plupart, les premières réactions de plusieurs capitales dans le monde, notamment Paris et Londres, ont mis l'accent sur la volonté de faire front commun contre les commanditaires de l'attaque, revendiquée par l'Etat islamique (EI).
Celui-ci a frappé en plusieurs endroits autres que la Tunisie. Presque en même temps, des massacres ont eu lieu à Kobbané (Syrie), au Koweit, en Somalie et en France. Manière effroyable de fêter l'anniversaire de la proclamation de l'Etat islamique, il y avait un an jour pour jour, en Irak, alors que le danger que représentait Daesh était encore «jugé» minime par la plupart des puissances occidentales et les pays visés.
Depuis, l'EI a prouvé largement ses capacités de nuisance, non seulement en Irak et en Syrie où ses victimes se comptent par milliers, mais aussi en Libye et dernièrement au Yémen. Episodiquement, des groupes terroristes ou des desperados en Tunisie, en Algérie et en Europe lui font allégeance, à l'occasion d'opérations ponctuelles destinées à déchaîner la machine médiatique.
Depuis un an, la coalition emmenée par les Etats-Unis et composée de pays européens et asiatiques ainsi que des membres du Conseil de coopération du Golfe bombarde sans relâche les positions de l'EI en Irak et en Syrie. Des attaques apparemment sans effet, si ce n'est de nombreux dégâts collatéraux dont font les frais les populations des zones visées dans ces deux pays. Indifférent à ces bombardements massifs, Daesh progresse continuellement au prix de pertes considérables qui ne paraissent pas l'affecter outre mesure.
Mieux, il assoie les bases de son «Etat» en frappant sa propre monnaie, s'attaque aux sites archéologiques relevant du patrimoine de l'humanité, comme si sa mission était d'effacer toutes traces de civilisation en terre arabe, et prépare les conditions de son expansion en Libye qui lui servira d'assise pour essaimer dans les pays voisins, notamment au Sahel où des groupes inféodés à Al Qaîda pourraient lui prêter allégeance.
L'inanité de la mobilisation et de la riposte internationale, symbolisées par la coalition sous l'égide des Etats-Unis, est évidente. Tout indique qu'on est face à un dilemme de taille, réfléchir à une stratégie autre ou reconnaître son impuissance, voire sa paternité dans la venue d'un monstre qui menace désormais toute la partie arabe de la Méditerranée.
L'ambiguïté existe en effet quant aux engagements sincères de certains pays à lutter contre l'EI. Elle implique les Etats-Unis mais aussi les pays du Golfe ainsi que la Turquie. Tout indique qu'il y a un double langage, celui d'une détermination admirable à combattre Daesh et celui qui pointe du doigt l'ennemi absolu à éradiquer, le régime syrien et, avec lui, l'Iran chiite des ayatollahs.
Curieuse démarche qui prétend viser une chose et son contraire. L'ampleur de la catastrophe, dont on a pu avoir une idée lors des destructions des sites archéologiques abondamment illustrées par les télévisions du monde entier, devrait interpeller l'ONU et le Conseil de sécurité qui fut si prompt à voter les résolutions autorisant la destruction de l'Irak, de la Syrie et de la Libye. On connaît le résultat de ces choix et se demander à qui profitent ces crimes vous emmène tout droit dans un pays qui jouit, malgré les exactions contre les populations palestiniennes des territoires occupés illégalement depuis juin 1967, d'une impunité totale.
Alors, s'agit-il vraiment de combattre l'EI ou seulement d'en donner l'illusion? Car une volonté réelle de mener un tel combat implique la pleine appréhension du véritable enjeu: s'attaquer de quelque manière que ce soit au terrorisme ne sert à rien.
Le vrai ennemi, c'est l'idéologie dont il se nourrit. Une idéologie intégriste, salafiste mais pas seulement, qui alimente, depuis des décennies, les hordes drapées dans les oripeaux de l'Islam dont ils piétinent les fondements et le message tout à la fois. Un message de paix et de tolérance. Qui voudrait rendre à ce message sa vertu et ses lettres de noblesse? Certainement pas Daesh, ni ses commanditaires et tous ceux qui profitent de la confusion sciemment entretenue à coups de milliards de dollars...
Daesh revendique l'attentat de Sousse
L'ensemble des observateurs l'avait désigné du doigt, le groupe autoproclamé Etat Islamique (Daesh) a revendiqué l'attentat de Sousse. Dans un communiqué diffusé par les sites Internet proches de la mouvance terroriste internationale, de même que sur des pages Twitter apparentées à l'organisation, Daesh a revendiqué la tuerie. «Le soldat du Califat (...) Abou Yahya al-Qayrawani (...) a pu parvenir au but dans l'hôtel Imperial.» Le communiqué poursuit en justifiant l'attaque comme un acte de guerre, relevant que pour ce qui concerne les victimes, «la plupart sont des sujets des Etats de l'alliance croisée qui combat l'Etat du Califat». le groupe terroriste annonce donc la couleur: toute personne occidentale est considérée comme une cible prioritaire.


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