Un plafonnement qui ne fera pas que des heureux Une nouvelle qui n'arrangera pas les affaires des concessionnaires automobiles, mais profitera au marché de l'occasion. Après la polémique suscitée par le cahier des charges relatif aux règles de sécurité exigées pour l'importation des véhicules neufs, une autre polémique s'annonce à l'horizon. Le ministre du Commerce, Amara Benyounes, a annoncé, hier, qu'à partir de 2016, l'Algérie importera au maximum 400.000 véhicules. «Nous (instaurerons), en coordination avec le ministère de l'Industrie et des Mines, des licences pour l'importation des véhicules. Ces importations ne devront pas dépasser les 400.000 unités/an», a indiqué le ministre lors des débats sur le projet de loi relatif au commerce extérieur présenté au Conseil de la nation. Voilà une nouvelle qui n'arrangera pas les affaires des concessionnaires automobiles. Le ministre explique que cette disposition est destinée à assainir la filière de l'importation des véhicules qui connaît plusieurs irrégularités et dysfonctionnements relevés dans une étude menée récemment par son département. Entre 2010 et 2014, les concessionnaires ont importé 1934.416 véhicules, avec un pic de plus de 554.000 véhicules en 2013 pour un montant de 7,33 milliards de dollars, selon les chiffres des douanes. En 2014, l'Algérie avait importé 439.637 unités pour un montant de 6,34 milliards de dollars, soit plus de 9% des importations globales du pays. Pour les observateurs, cette décision va déranger en premier lieu les constructeurs français à grands volumes de ventes, Renault et Peugeot. Un simple calcul permettra de déduire qu'avec la production locale de Renault (25.000 unités actuellement, 75.000 à l'horizon 2019), le nombre de véhicules à commercialiser en Algérie ne subira pas un grand écart. La décision du gouvernement vise à réduire la facture des importations qui a atteint des seuils inquiétants ces dernières années, surtout lorsque l'on sait que l'importation des véhicules représente près de 10% de la facture globale des importations du pays. Ce qui est sûr c'est qu'une telle disposition profitera au marché de l'occasion de l'automobile. Les prix des voitures d'occasion ont connu une hausse dès l'éclatement de la polémique entre le ministère et les concessionnaires. Amara Benyounes a justifié sa disposition en évoquant l'assainissement de la filière de l'importation des véhicules qui connaît des irrégularités et dysfonctionnements. Effectivement, une étude menée récemment par le ministère du Commerce sur l'activité des concessionnaires automobiles a relevé plusieurs manquements. L'étude évoque «certaines pratiques financières utilisées par les concessionnaires visant à transférer plus de capitaux (vers l'étranger), augmenter les charges et équilibrer leur comptabilité aux moyens de techniques de plus en plus utilisées pour échapper au contrôle financier et fiscal du pays». Le ministre du Commerce, objet de plusieurs polémiques, a présenté, devant le Sénat, le projet de loi sur les opérations d'importation et d'exportation. Ce projet stipule notamment le recours aux licences pour gérer les exceptions à la liberté du commerce. Ainsi, le texte reformule plusieurs articles de l'ancienne loi et y insère d'autres afin de mieux définir le concept de la licence et de son étendue, et de mettre en conformité la législation avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dont celles régissant les licences d'importation et d'exportation. Les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) avaient adopté à la majorité, en juin dernier, ce projet de loi à l'issue d'un large débat durant lequel ils avaient notamment plaidé pour des clarifications sur les modalités d'octroi de ces licences. Selon les réponses du ministre, une commission interministérielle regroupant les ministères des Finances, de l'Industrie et de l'Agriculture, présidée par celui du Commerce, sera chargée de l'octroi de ces licences. Une vingtaine de produits feront l'objet de licences d'importation à l'instar des véhicules, des appareils électroménagers, du ciment, des aliments de bétail, des produits cosmétiques et des détergents.