Nous réitérons la question posée et reposée par nos confrères: «Ghardaïa, pourquoi?». Pourquoi Ghardaïa? Pourquoi, ici et maintenant? La réponse sans doute existe, elle reste toutefois complexe dès lors qu'entrent en jeu des paramètres difficilement intelligibles que discernables s'ils ne sont resitués dans le contexte général, qui prévaut dans le Monde arabe et celui, particulier, en Algérie. Les dérives observées et les violences qui ont émaillé la vallée du M'zab ces deux dernières années, qui n'ont pas été suscitées du néant, traduisent en fait le malaise ressenti par une population connue pour sa sérénité et sa spiritualité. Malaise induit, d'autre part, par un travail de division mené de longue main. Contrairement aux évènements de Kabylie [1980-2001] ce qui se passe au M'zab n'a rien à voir avec la question identitaire qui s'est posée à l'avènement de l'indépendance. A Ghardaïa, les Mozabites de quelque 'chapelle'' qu'ils se réclament sont viscéralement attachés à cette terre qu'ils ont arrosé de leur sang généreux. A Ghardaïa, couvait en fait autre chose dont les prémices ont été mal interprétées par les autorités publiques [quoique elles s'en défendent par ailleurs] qui ont traité quelque peu à la hussarde - rééditant les erreurs commises en Kabylie - un problème ne relevant pas de la délinquance ordinaire. C'était autre chose quand, déjà - il y a deux ans, au plus fort des émeutes de Berriane - des inconnus cagoulés et armés canalisaient des foules de jeunes, d'adultes et mêmes des enfants les incitant à la profanation d'un cimetière mozabite comme le montre une vidéo mise en ligne le 6 février 2014. Notons que cette vidéo a été postée sur YouTube par un certain «ImazighenLibya». Qui sont ces gens cagoulés, quelles enquêtes ont été diligentées pour les identifier, comment se fait-il que des forces de sécurité n'aient pas réagi? Si on arrive à répondre à ces questions, un début de voile se lèvera sur ce qui se passe, s'est passé à Ghardaïa, à Berriane, à Guerrara... Comprendre et dénouer les arcanes qui ont mené à la dissension en pays mozabite, c'est déjà entrevoir les menées de fragilisation, pas seulement de cette région de notre pays, mais de l'Algérie dans son ensemble. Il est patent que des forces extérieures jettent de l'huile sur le feu, mais pas que cela, car si ces menées ont été possibles, c'est même probable, c'est que les autorités politiques n'ont pas, quelque part, jugé sérieux ou analysé correctement les évènements de Ghardaïa pour leur apporter des solutions adéquates, urgentes et circonstanciées. Sur un autre plan, les autorités religieuses ont été absentes du terrain et n'ont pas été ce bras secourant et prévenant la fitna. Elles n'ont pas su prévenir la montée de l'ex-FIS hier, elles ne semblent pas mesurer le danger salafiste aujourd'hui. Faire l'autruche, pour ne pas voir le problème, n'a jamais été la solution. Ce n'est pas en enfouissant sa tête dans le sable que le problème cesse d'exister. Ibadites et malékites, Imazighen et Chaâmba ont toujours vécu en bonne dualité et voilà que soudain ils se retrouvent dans la situation «d'ennemis» irréductibles. Est-ce concevable? Qui y croit, peut-on briser ainsi une coexistence millénaire? Il y a donc anguille sous roche. Qui a allumé - ou a intérêt à allumer - les feux de la discorde entre les communautés du M'zab? Ce qui remet en situation ce qui se passe en Syrie, en Irak, au Yémen et en Libye où les sunnites sont opposés aux chiites, et les ethnies montées les unes contre les autres. Nous ne disons pas qu'il faut chercher là la «main de l'étranger», mais la similitude est telle qu'il serait fâcheux de ne pas relever cette étrange coïncidence, d'autant plus que c'est dans la région du M'zab qu'une telle configuration existe et est exemplaire de la spécificité de l'Algérie. En janvier 2011 il y eut - par réseaux sociaux et ONG interposées - des tentatives de soulever le peuple algérien, dans le sillage du pseudo-«printemps arabe», par des appels à manifester massivement. Ces tentatives échouèrent. Mais le danger demeurait. C'est sans doute là que les autorités publiques ont failli qui ont minimisé ou pas saisi la portée de ces manoeuvres sur l'unité du pays, se concentrant sur d'autres priorités. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui s'est rendu à Ghardaïa, avait assuré aux notables locaux que les autorités étaient au fait de ces agissements et toutes les dispositions prises pour y faire face. A l'évidence c'était insuffisant. Il faut voir plus loin. En effet, peut-on ignorer le plan américano-israélien de dépècement du Monde arabe en général, de l'Algérie en particulier, dont nous enregistrons les résultats sanglants en Syrie, en Irak et au Yémen? L'Algérie est en danger, le peuple veut la vérité, il doit savoir. Si l'Etat sait quelque chose, il doit le dire aux Algériens. Le silence n'est plus permis. Seul un peuple informé est capable de se défendre. Qu'on se le dise!