Face aux dernières mesures répressives initiées à l'encontre des protestataires, les syndicats autonomes sont décidés à faire bloc. Neuf syndicats composant le comité national des libertés syndicales ont tenu hier au siège du Snpssp sis au boulevard Victor Hugo, une réunion extraordinaire pour faire l'évaluation et l'état des lieux des libertés syndicales. La circulaire d'Ouyahia qui attise le feu a commencé à être appliquée dès samedi puisqu'on a appris que le gouvernement a déposé plainte contre les grévistes de la santé qui campent sur leurs positions s'agissant du maintien de la grève illimitée. Les mesures, faut-il le rappeler, prises par le dernier conseil du gouvernement mandatent le ministre de la Santé pour «veiller au respect de la circulaire relative au non-paiement des journées de grève, déposer plainte auprès des tribunaux contre les syndicats qui entravent le service public de la santé, notamment par le recours à la grève illimitée et d'engager les procédures légales de licenciements des personnels en grève illimitée qui sont considérés en abandon de poste. Les représentants des entités syndicales présents à la rencontre, ont tenu à signifier que «les intimidations du gouvernement n'auront pas raison de leur détermination». Dr Kendeck, le SG du Snpssp ne cachait pas son étonnement à propos de la décision de la tutelle d'ester en justice son organisation» Je viens de l'apprendre s'exclama-t-il non sans une pointe d'ironie. C'est un recul de trente ans. On veut nous renvoyer aux années de plomb, à l'ère de la pensée unique. Il y a une incohérence flagrante entre la loi du travail et les mesures coercitives. Contrairement à ce qui a été rapporté, nous avons tenu une assemblée générale le 9 octobre courant à Matares où nous avons organisé un vote à bulletin secret. Les délégués ont voté pour une grève illimitée. On nous reproche de ne pas avoir déposé un préavis de grève. Nous l'avons fait en bonne et due forme. Aussi bien auprès de la tutelle qu'au ministère du travail mais à aucun moment , on nous a notifié que le caractère illégal de la grève.» Concernant, le grief qui leur a été fait par le conseil du gouvernement à propos des «revendications salariales populistes qui mettent en danger les finances publiques» Dr.Kendeck réplique que ce n'était nullement les prétentions de son organisation «Nous n'avons pas demandé une revalorisation salariale mais l'application du statut particulier datant de 2002». Pour ce qui est du reproche lié au service minimum, notre interlocuteur dira: «Nous n'avons jamais fait défaut dans ce contexte précis. D'ailleurs ce point doit être observé par une commission mixte.» Le représentant du Cnapest, M.Kacimi, quant à lui, estime que ces dispositions coercitives du gouvernement visent à intimider les syndicats «Nous avons vécu les mêmes péripéties lors de notre mouvement de protestation. Notre secrétaire général a subi des menaces et des pressions. M.Khaldi qui a pris du galon depuis pour avoir réussi à étouffer la protesta, nous a menacé dans son bureau en nous signifiant qu'il détient des dossiers sur nous. Ce sont des pratiques indignes.» Le représentant du Snpsp, Dr Besbes «Le but visé par ces mesures sont de remettre en question un acquis. Tous les syndicats sont concernés y compris l'UGTA.» Quant au porte-parole du Cla, il estime qu' «au nom de la stabilité sociale et du service public, le gouvernement justifie une éventuelle répression . L'avertissement est clair : le gouvernement veut serrer les vis du droit de grève. Il est certain qu'il faut s'attendre à d'autres assauts plus soutenus contre les libertés syndicales.» Et d'ajouter: «Au lieu de la libre confrontation entre les partenaires sociaux comme le prévoit la loi 90-02 qui a institutionnalisé le conflit, le gouvernement veut aller vers une épreuve de force, violant ainsi toutes les avancées en matière de droit du travail et niant que la paix sociale passe nécessairement par la négociation.» Il enchaîne «La criminalisation du droit de grève consacré par la constitution, les ponctions sur salaire, le dépôt de plainte auprès des tribunaux au nom du service public, les procédures de licenciements montrent un gouvernement qui a une fausse idée de la paix sociale.» Face à l'ampleur de cette attaque le Cla appelle tous les syndicats autonomes à une riposte pour la défense des libertés syndicales et du droit de grève. Face à cette campagne agressive, la riposte comme ce fut le cas avec les enseignants, doit être à la mesure de la menace.