Comme un défaut. Le déficit de la balance commerciale du pays a été de plus de 10 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de cette année. En 2014, à la même période, cette même balance avait enregistré un excédent de 4 milliards de dollars. Nos réserves de devises fondent comme neige au soleil. Face à cette dangereuse et rapide inclinaison, que fait le gouvernement? Plusieurs choses! Trop même. Au point de perdre «l'épicentre» du problème. Dernière annonce du ministère du Commerce, lundi dernier, «une brigade centrale mixte a été installée par le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, pour mener des enquêtes sur les cargaisons bloquées définitivement dans les principaux ports de commerce... (et)... pour évaluer l'ampleur du phénomène de la fraude et de proposer toute mesure pratique à entreprendre, à court et moyen terme, pour endiguer ce phénomène». Voilà où on en est. Au stade des enquêtes et évaluation de la «pathologie» qui frappe notre commerce extérieur. Pour mieux comprendre cette «vitesse» d'intervention, il faut savoir que l'idée de «réactiver ces brigades mixtes» date du mois de juin dernier. Six mois à se «tâter». Ensuite, il faut savoir que ces «brigades mixtes» appelées aujourd'hui à être «réactivées» avaient été créées en... 1997 (décret exécutif 97-290). Du pluriel nous sommes passés au singulier. Une seule brigade «centrale» a été installée lundi et aura pour mission une «enquête nationale approfondie». Elle devra sillonner tous les «ports, ports secs, aéroports, postes terrestres et entrepôts sous douanes» du pays. Si elle revient de ce périple avant une année, il faudra l'accueillir avec la médaille du mérite. C'est à se demander si au ministère du Commerce il y a une bonne notion du temps? Mais aussi s'il y a une prise de conscience de la réelle gravité du problème qui s'amplifie avec le temps? Ces questions légitimes sont renforcées par les multiples moyens de contrôle des importations mis en place depuis des mois, voire des années. En juillet dernier, un protocole d'accord a été signé entre les douanes et les consignataires pour «lutter contre la fraude dans les importations». Dans le même mois, les douanes et les banques signent un avenant à «leur protocole d'échanges d'informations». En septembre dernier, une «discussion» a eu lieu entre le ministère du Commerce et les douanes. Pour le même sujet. Les douanes venaient à peine de «renforcer le dispositif du statut d'opérateur économique agréé (OEA)». Un statut qui existe depuis 2012 et qui facilite à ces opérateurs les opérations de dédouanement. Sur 42 000 importateurs dont 2 300 étrangers qui «occupent» notre commerce extérieur, seuls 199 d'entre eux ont sollicité et obtenu ce statut. Ce qui donne une idée de l'organisation. L'OEA qui devrait être une obligation, n'est q'une simple «invitation». Entre l'unique brigade des «incorruptibles» mise en place pour toute l'étendue de notre grand pays, les différents accords entre les organismes qui gèrent ce segment et l'agrément pour qui en voudra, pour ne citer que ces cas, il n'y a rien de tel que cette multiplication de «moyens» pour former le labyrinthe idéal d'où personne ne trouvera la «sortie». Comment peut-on admettre, à l'ère du numérique, qu'il est aussi difficile, tel que les choses se présentent, de créer un fichier national (à l'instar de celui qui existe pour l'habitat ou celui en cours de la «centrale des risques») pour suivre et contrôler 42.000 importateurs seulement? Tous répertoriés au Cnrc (Centre national du registre du commerce). La seule lueur d'espoir nous vient du directeur général des douanes qui a annoncé, le 4 octobre dernier à partir d'Oran, que «le nouveau Code des douanes sera prêt à la fin de cette année». Il a ajouté qu'il comprendra des «procédures intelligentes» contre les fraudes. Une promesse!