El Bahia renoue avec la lecture À travers une telle action, les Oranais démontrent qu'ils ne tournent pas le dos à la mer, contrairement à la prédiction faite par Albert Camus dans son livre La Peste. C'est le mois du patrimoine et de la... culture dans toutes ses formes. Dans le tas, le livre et la lecture reviennent aussi bien en vitesse qu'en force dans la wilaya d'Oran. C'est ce qu'indiquent les services en charge de cette question auprès de la direction de la culture de la wilaya d'Oran en annonçant que «celle-ci (la direction de la culture d'Oran) vient d'être dotée de pas moins de 5000 ouvrages comportant des titres en histoire, patrimoine, lettres et arts et autres livres pour enfants d'écrivains algériens. Ces livres de publication récente ont été distribués au bénéfice des communes rurales, à savoir Sidi Benyebka et Mers Hadjadj à l'est d'Oran. Malgré l'offensive technologique dont entre autres Internet, les férus de la lecture résistent tant bien que mal en innovant dans leurs trouvailles, question d'inciter les lecteurs à côtoyer davantage le livre. C'est ainsi que pas moins d'une centaine de personnes âgées, jeunes et moins jeunes se sont rassemblées récemment dans le jardin Benbadis (ex-promenade de l'Etang) pour un seul but: lire en groupe. Une telle opération a été conçue en tant que véritable acte de résistance culturelle. Celle-ci est à sa 4e édition. Elle a été organisée conjointement par les associations, Bel Horizon, et «Le petit lecteur» à l'occasion de la journée du Savoir, le 16 Avril. «Chaque année, nous essayons de donner à la journée du Savoir, le 16 Avril, un contenu culturel, un contenu de lecture, par un rassemblement littéraire regroupant des Oranais de tous bords dans un site aussi paradisiaque que la promenade Benbadis», dira le président de l'association, Metair Kouider. Les deux associations ont, grâce à leurs livres, su, pu et réussi à se réapproprier le jardin Benbadis squatté, pendant de longues années, par des énergumènes de tout bord s'adonnant à toutes les formes de turpitudes. Dans cet acte, tant salué par la société civile locale, les instigateurs d'un tel événement lui ont redonné sa vocation initiale: le jardin est symbole de détente et de réminiscence. Metair Kouider laissera croire à une telle évidence lorsqu'il a ajouté en affirmant implicitement que «notre objectif est de susciter la lecture et de faire en sorte que ce magnifique jardin devienne un lieu culturel pour les jeunes d'abord, et pour tous les citoyens, qu'ils soient oranais ou de passage». Un tel site, la promenade Benbadis, est à la fois incitatif et méditatif du fait qu'il fait face à la grande bleue, la mer. L'événement de cette année est placé sous le thème «La lecture est une amitié», une citation appartenant au célèbre écrivain Marcel Proust. À travers une telle action, les Oranais démontrent qu'ils ne tournent pas leur dos à la mer contrairement à la prédiction faite par Albert Camus dans son livre La Peste. En effet, les lecteurs parfois, seuls ou encore constitués en petits groupes, prennent place sur les marches des escaliers faisant face à la mer un livre à la main qu'ils feuillettent avec intérêt. Aucune restriction n'est faite sur les lecteurs désirant choisir leurs livres à lire qu'ils soient en langue arabe, française ou encore en anglais en attendant ceux de la langue amazighe qui font toutefois défaut étant donné que l'enseignement de cette langue ancestrale n'est pas encore généralisé. «Son jour (tamazight) viendra très bientôt», dira un lecteur tenant en main le Tartuffe de Molière. A l'organisateur d'enchaîner en annonçant sa «fierté» quant à lire une oeuvre en langue amazighe. «Pourquoi pas puisque les langues sont enrichissantes?», s'est-il demandé. Sous les chants d'oiseaux et dans un silence total, des lecteurs se sont livrés au verbe métaphorique de Mohamed Dib, de Mouloud Feraoun, de Yasmina Khadra, ainsi que de Jules Renard, et tant d'autres. Le même événement n'est pas passé sans faire le bonheur d'une autre «dévoreuse» de plusieurs livres chaque mois, la journaliste Yamina Bair. Celle-ci aurait sûrement pris part à cette action citoyenne n'était-ce les raisons professionnelles majeures qui l'en ont empêchée. Les enfants ont, eux aussi, eu droit à une prise en charge exceptionnelle. A cet effet, l'association «Le petit lecteur» a mis à leur disposition son bibliobus. Une telle initiative, digne des hommes et femmes policiers connus pour leur finesse dans leur éloquence en défendant les principes culturels et leurs fondements, a été suivie par une lecture du paysage qui a été donnée à tour de rôle par le journaliste paysagiste Samir Slama et Kouider Metair en revenant sur l'origine de nombreuses espèces végétales qui prédominent cette promenade, aménagée en 1836. Les participants, eux, souhaitent voir la généralisation d'une telle action en la développant vaille que vaille un peu partout dans les quartiers d'Oran. D'autres plaident pour la tenue hebdomadaire d'une telle rencontre. Ledit événement constitue un prélude annonçant un autre événement devant être organisé le 1er mai de l'année en cours: la randonnée annuelle drainant plusieurs milliers de personnes devant arpenter le centre-ville d'Oran en ralliant le Fort de Santa Cruz en passant par la ville du saint sidi El Houari. De nombreux artistes locaux et internationaux prendront part à cette action tant attendue.