Jadis, peu de gens parlaient de plage. L'oued Sahel offrait le site idéal pour la baignade. Les pêcheurs y trouvaient de quoi exercer leur hobby. Le barbeau, l'alose et l'anguille mordaient à tout appât. Les habitants des villages qui l'avoisinent attendaient ses crues pour ramasser le bois qui leur était d'un grand apport pour mijoter leurs plats et se chauffer durant les longues nuits hivernales. Les bergers y gardaient leurs troupeaux en toute quiétude. Les lièvres, les chacals, les sangliers et les différents oiseaux de l'eau ajoutaient de la vie au pittoresque site. C'était, indubitablement, un havre de paix. Hélas, tout a disparu en un tour de main. L'oued Sahel est, aujourd'hui, à l'agonie. Des chiens errants, des corbeaux et autres charognards y ont élu domicile et, en sus, il reçoit de tout: carcasses de voiture, pneus usés que certaines gens brûlent pour «accentuer» la pollution, ordures ménagères, eaux usées et gravats. Il est à noter que certains puits qui alimentent la ville en eau potable s'y trouvent à quelques encablures. Avec l'infiltration des eaux de pluie, les nappes phréatiques peuvent être à tout moment polluées. Au fait, faut-il qu'une catastrophe se produise pour que l'on daigne réagir? Nos sexagénaires et autres nostalgiques des lieux, lorsqu'ils y retournent, ont toujours eu une larme. C'est une partie de leur vie qu'ils pleurent. Leur «eden» est devenu, par la bêtise humaine, un dépotoir. L'autre fait désarmant reste ces commerçants qui y jettent tous leurs produits alimentaires avariés (fromage, yaourt, conserves...). Selon ce que certains citoyens nous ont rapporté, des enfants habitant les taudis jouxtant la décharge publique s'y rendent journellement pour s'y «approvisionner», ramasser tout ce qui est cuivre, plomb, aluminium et plastique. Notons que ces matériaux se vendent au kilo et pour quelques dinars, ces mômes pourraient y laisser leur santé. Le glas a sonné pour qu'en termes de protection de l'environnement chacun de nous agisse aujourd'hui. Demain, il sera trop tard.