Même si «les rêves restent des rêves» (entendu dans Café Society), il est permis ici d'en formuler à souhait et ce, jusqu'au 22 mai, puisque la magie du cinéma sera le maître-mot, en attendant de voir à qui sera décernée la Palme d'or. Et c'est parti! la 69e édition du célèbre Festival de cinéma est lancée. Ici à Cannes, le temps est à l'image de la réputation du mois de mai, «fais ce qu'il te plaît»! Et à Cannes, tout le monde se prend à rêver, même si comme le dit si bien le beau Bobby alias Jesse Eisenberg dans Café Society de Woody Allen, (présenté hier en hors Compétition) «les rêves restent des rêves». Fidèle à son tempérament, Woody Allen aborde délicieusement, à nouveau, dans ce film les soubresauts des sentiments humains. 69e édition de Cannes, 69e non pas année érotique comme chanteraient Jane Birkin et Serge Gainsbourg, mais sensuelle, elle l'est et elle le sera assurément. À commencer, nous l'affirmions par ce trépidant long métrage qui nous plonge dans les années 1930. Un film clin d'oeil aux strass et paillettes cannoises puisque l'amour et le cinéma se côtoient ici et s'épousent parfaitement, même si les esquisses de la déception amoureuse ternissent quelque peu le tableau. Mais cela est peut-être une étape nécessaire de ce chagrin d'amour, un peu à l'image du glamour cannois qui après le beau soleil qui promet plein de merveilles, viennent les sombres incertitudes qui vous entraînent dans sa nébuleuse mélancolie. Fort heureusement, Woody Allen est là pour nous faire sourire et nous émouvoir à la fin! Café Society ne vous laissera pas indifférent en tout cas. Plongé dans la jet-set hollywoodienne, Bobby issu de Ney Rok, coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, décide de tenter sa chance auprès de son oncle Phil, puissant agent de stars. Sa rencontre avec la secrétaire de ce dernier va changer sa vie. Il en tombe follement amoureux. Hélas pour lui, la belle est prise. Elle vit une histoire amoureuse assez compliquée qui poussera Bobby à retourner chez lui. Sans vous raconter de qui, ni la suite, Café Society se déguste avec allégresse, tant l'image feutrée et la beauté qui se dégagent à la fois du clinquant hollywoodien et de la délicatesse du jeu des comédiens est fabuleuse. La magie du cinéma est partout, même si l'amour qui, lorsqu'il viendra à manquer, se retrouvera toujours au rendez-vous pour se remémorer les beaux souvenirs, et flirter avec, à défaut de les vivre pleinement. C'est en tout cas tout l'esprit du Festival de Cannes. Approcher les stars de près ou de loin, sans les côtoyer vraiment. Eh bien, peu importe. Ici à Cannes on fait souvent le déplacement, même de loin, et on vient de toute la France pour pouvoir guetter l'arrivée d'une Kristen Stewart ou encore Blake Lively. Cannes c'est la folie des grandeurs. Son budget seul vous donnera le tournis. Il représente environ 20 millions d'euros et des milliers de journalistes, dont le nombre augmente d'année en année. Cette année, le nouveau film de Damien Ounouri présent à la quinzaine des réalisateurs avec Kindil El Bahr sauve l'honneur des Fennecs, puisque c'est le seul film algérien au programme, nonobstant le court métrage de Tahar Houchi présent au short corner et puis ce mystérieux Une vie humaine sélectionné en Compétition (court métrage) de Jean-Charles Carlus. Un film vraisemblablement aux couleurs de l'Algérie. Aux dernières nouvelles, Damien Ounouri auteur de Kindil El Bahr (un court métrage parce qu'il fait 40 mn) et la comédienne Adila Bendimerad sont pris en charge par l'Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel). Le reste des comédiens, eux par contre, viendront par le biais de l'ambassade de France. L'Aarc ayant subi des coupes budgétaires, a choisi, comble de l'ironie, de se faire loger dans un hôtel qui se trouve à 15 mn... de Cannes en voiture! En effet les membres de l'Aarc se déplaceront avec chauffeurs SVP! Son directeur et chef du département cinéma par intérim, soit Nazih ben Ramdani et Smaïl Mesbah viendront quant à eux le 15 mai prochain, tandis qu'une journée spéciale Kindil El Bahr sera organisée tout au long de la journée du 14 mai au Pavillon algérien, alors que le film sera diffusé le... 20 mai. Va savoir! Cette année l'Aarc n'organisera aucune journée de travail, mais entend comme nous l'a affirmé sa chargée de communication Hana, mettre les professionnels de cinéma étrangers avec les Algériens pour peu qu'ils en fassent la demande. «Notre rôle est la promotion des dernières productions algériennes faites à partir de la mi-2015». Parmi les films dont on peut apercevoir l'affiche, sur le mur du Pavillon algérien et que l'Aarc entend promouvoir donc, (appuyé d'un catalogue) on note le long métrage, film d'animation de Jilali Beskri Tales of Africa qui sera présenté en avant-première à Alger le 14 mai, mais aussi Maintenant ils peuvent venir de Salem Brahimi et les navets que l'on a déjà vus à Alger tels Les intrus de Mohamed Hazourli ou encore Mémoires de scènes de Abderrahmane Laloui entre autres. A côté, jouxtant notre pavillon, le Maroc, dégaine également ses affiches de films en promotion dont Hologam of the king, écrit, et réalisé par l'Américain Tom Tykwer et joué par sieur Tom Hanks et ce, dans le magnifique désert marocain, no comment! Aujourd'hui, pour l'heure nous allons courir ce matin voir en ouverture de la section Un certain regard le nouveau film du réalisateur égyptien, auteur du Bus 768 qui présente à Cannes un film politique tout aussi engagé que le précédent. Ishtebak (Clash) est son nom. Inspiré de faits divers, ce long métrage se déroule la plupart du temps dans un fourgon antiémeute lors de la manifestation au Caire à la suite de la destitution du président Morsi en 2013. Un film dans lequel on reviendra dans notre prochaine édition. Cette année pour rappel, ce sont 1869 longs métrages qui ont été visionnés pour obtenir une sélection de 49 longs métrages dans différentes sections. Aussi, c'est l'acteur Jean-Pierre Léaud qui recevra en tant que président d'honneur ce prestigieux trophée, qui récompense l'ensemble de sa carrière, lors de la cérémonie de clôture de cette 69e édition, prévue le 22 mai. Mais en attendant, place aux courses-marathons entre les couloirs du Palais du festival notamment et les autres queues interminables devant les salles de cinéma, dans l'espoir qu'il ne pleuve pas beaucoup cette année...