Mohamed Abdelaziz au cours d'une audience avec le chef de l'Etat Ennemi juré du trône alaouite, redouté par le pouvoir marocain, il sera désigné comme l'homme à abattre par Rabat. L'Algérie décrète un deuil national de 8 jours La nouvelle est tombée. Comme un couperet. Laconique. «Le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et secrétaire général du Front polisario est décédé des suites d'une longue maladie, a-t-on appris hier auprès de l'ambassade de la Rasd à Alger» indique une dépêche de l'APS. Agé de 69 ans, Mohamed Abdelaziz, président élu de la République sahraouie cumulait aussi la fonction de secrétaire général du Front Polisario dont il était membre fondateur au même titre de l'emblématique El Ouali Mustapha Sayed dont il fut le successeur, en 1976. Combattant de la première heure, il aura incarné la révolution sahraouie. Jusqu'à son dernier souffle il s'opposera à la colonisation marocaine et ne cessera de militer pour l'indépendance de son pays, le Sahara occidental. Ennemi juré du trône alaouite, redouté par le pouvoir marocain, il sera désigné comme l'homme à abattre par Rabat. Ce qui n'a pas pu se faire militairement sera finalement provoqué par la maladie qui le rongeait. Le destin a dû s'en mêler. Mohamed Abdelaziz ne verra pas l'indépendance du Sahara occidental. Ses dernières forces pour voir son peuple libre il les a jetées dans des appels incessants à la communauté internationale, dans ses écrits au secrétaire général de l'ONU sans concessions qui ont mis à nu la férocité de la colonisation marocaine et montré à la face du monde le vrai visage du royaume qui refusait de se mettre autour de la table des négociations pour mettre fin à un conflit de près d'un demi-siècle. Le dernier message de Ban Ki-moon à Mohamed Abdelaziz C'est en plein bras de fer avec le souverain marocain qui avait pris la décision d'expulser 75 membres de la composante civile de la Minurso que le secrétaire général de l'ONU a envoyé une lettre au président sahraoui. Le Front Polisario fêtait le 43ème anniversaire de sa création. La missive résonnait comme un message de félicitations et de voeux. Un pied de nez pour Rabat. «Je tiens à vous remercier pour l'hospitalité chaleureuse au cours de ma visite le 5 mars 2016. Cette visite m'a permis d'être témoin en personne de la situation humanitaire extrêmement pénible dans les camps de réfugiés. Ce fut une expérience qui m'a profondément ému», avait écrit Ban Ki-moon dans sa lettre dans laquelle il s'est dit «ému par l'échange (qu'il a) eu, à cette occasion, avec la jeunesse sahraouie» et d'être «fermement convaincu que nous surmonterons ces défis». Des mots choisis. Bouleversants. Emouvants. Ils seront gravés pour la postérité pour ce Sahara occidental qui ne rêve que de liberté. Un rêve que caresseront un jour les générations montantes des jeunes Sahraouis qui lui associeront le nom de Mohamed Abdelaziz. Pour le moment, certaines questions brûlent les lèvres. Quel avenir pour la Minurso? Quel avenir pour de futures hypothétiques négociations? Y a-t-il encore une place pour la paix ou faudra-t-il faire parler les armes à nouveau pour libérer le Sahara occidental? Autant d'interrogations auxquelles Mohamed Abdelaziz avait probablement des réponses. La mort est passée par là. Il gardera le silence pour l'éternité. Le lion ne rugira plus. L'Algérie, qui n'a eu de cesse de soutenir son action comme elle a soutenu la lutte des peuples opprimés pour leur liberté, a tenu à lui rendre hommage et à partager la douleur du peuple sahraoui. Le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika, qui a présidé hier un Conseil des ministres, a entamé la séance par l'observation d'une minute de silence et la lecture de la Fatiha du Saint Coran, à la mémoire du défunt président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz. «A la suite du décès du président Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du Front Polisario, président de la République arabe sahraouie démocratique, Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a entamé la séance du Conseil des ministres, qu'il a présidé ce jour, par l'observation d'une minute de silence et la lecture de la Fatiha à la mémoire du regretté défunt», a indiqué un communiqué de la présidence de la République. Une minute de silence en Conseil des ministres «M.le président de la République a également décrété un deuil national de huit jours à travers tout le territoire national, en hommage à la mémoire du défunt leader sahraoui», a ajouté la même source. Le chef de l'Etat a adressé aussi un message de condoléances au président du Parlement sahraoui, qui assure l'intérim du défunt, a conclu la même source. Le Front Polisario a de son côté décrété 40 jours de deuil national suite au décès du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario Mohamed Abdelaziz, a indiqué un communiqué du Front Polisario. En vertu de l'article 49 de la Loi fondamentale du Front, le président du Conseil national sahraoui, Khatri Addouh assumera le poste de secrétaire général du Front Polisario et celui de président de la République, jusqu'à l'élection d'un nouveau secrétaire général lors d'un congrès extraordinaire qui sera convoqué dans un délai ne dépassant pas les 40 jours. Mohamed Abdelaziz est décédé des suites d'une longue maladie.