Ils seront sans doute des centaines de fans, mais aussi d'artistes qui seront présents à cet autre rendez-vous qui permet d'honorer les hommes de culture de leur vivant et non pas une fois ayant quitté ce petit monde. Après le succès phénoménal de l'hommage rendu à l'une des icônes de la chanson kabyle sentimentale, le 17 septembre dernier, aujourd'hui, ce sera au tour d'une autre étoile du même ciel artistique berbère d'être honorée dans la même ville. Il s'agit de l'inoubliable Athmani. Quel est ce mélomane de la chanson kabyle authentique qui peut effacer de sa mémoire le légendaire Athmani? Ils seront sans doute des centaines de fans mais aussi d'artistes à être présents à cet autre rendez-vous qui permet d'honorer les hommes de culture de leur vivant et non pas une fois ayant quitté ce petit monde. Cette nouvelle tradition que tente de perpétuer la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou est donc louable à plusieurs égards. Souvent, nos artistes, une fois ayant cessé de produire et de se produire finissent dans l'oubli absolu et surtout dans une solitude totale. D'ailleurs, le cas du grand artiste Athmani est illustratif à plus d'un titre. L'absence de médiatisation des anciennes figures de la chanson a fait que les nouvelles générations de mélomanes ne les connaissent guère si ce n'est à travers une ou deux de leurs célèbres chansons, que reprennent des jeunes «chanteurs» sans même avoir obtenu l'autorisation pour ce faire. Aussi et afin d'honorer l'une des figures éternelles de la chanson kabyle quand cette dernière était à son apogée dans les années soixante-dix et quatre-vingt, la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou a annoncé cette semaine qu'un hommage sera rendu à l'artiste Athmani les 29 et 30 septembre à la Maison de la culture. Au programme de cet hommage, organisé conjointement par la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou et le Collectif des amis N'Athmani des Ouacifs, on annonce plusieurs activités. D'abord, pour jeudi, avec la cérémonie d'ouverture prévue à 9 h avec la visite de l'exposition de photographies de l'artiste, la discographie, les anciens disques et les articles de presse sur la vie et l'oeuvre de Athmani. Ensuite, dans la même journée, le public de la Maison de la culture de Tizi Ouzou aura droit à la projection d'un film documentaire sur la carrière artistique de Athmani. La projection sera suivie par une conférence-débat qui sera animée par les écrivains Ben Taleb et H. Helouane sur l'impact de la chanson kabyle sur la société. L'artiste Athmani sera l'invité d'honneur de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, dès 13 h, pour raconter en personne son parcours, mais aussi pour répondre aux questions de ses fans qui viendront des quatre coins de la Kabylie où Athmani compte un nombre impressionnant de fans. L'hommage se poursuivra durant la journée du vendredi prochain avec un spectacle artistique et des témoignages autour de la vie et l'oeuvre de Athmani et ce, dans la grande salle de spectacle du même établissement culturel. Avec un autre nombre important de chanteurs kabyles à texte, Athmani a contribué à faire émerger la chanson kabyle après que les premiers jalons eurent été lancés par les aînés comme Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Allaoua Zerrouki, Cheikh Arav Bouyezgarene etc. Tout comme Ouazib Mohand Ameziane, Rabah Ouferhat, Belkheir Mohand Akli et tant d'autres artistes peu médiatisés, donc méconnus des nouvelles générations, l'apport de Athmani à la promotion de la langue amazighe via la poésie chantée est incommensurable. Une autre spécificité de Athmani, c'est le fait qu'il a été l'un des premiers, sinon le premier à s'être produit en compagnie de ses enfants, sous forme de groupe de chants, brisant ainsi l'un des tabous qui avait la peau dure durant les années soixante-dix jusqu'aux années quatre-vingt. Et comme le souligne si bien l'écrivain et chercheur dans le domaine de la culture amazighe, Abdennour Abdesselam: «Athmani, célèbre chanteur des années 1970, tente une percée rajeunie dans la chanson à travers ses fils qu'il a su mettre sur la rampe de lancement. Pour une première dans la chanson kabyle, ce fut incontestablement une réussite et passer le flambeau c'est tout simplement généreux et honorable». Abdennour Abdesselam regrettera en revanche le fait que la quasi-totalité des initiatives engagées et destinées aux jeunes ont presque toutes eu une vie brève et éphémère. «Dès qu'un artiste adolescent grandit, le genre disparaît. La régénération n'a pas été, hélas, une chaîne continue et entretenue. Mouloud Habib, alors le plus jeune chanteur à la Chaîne 2, immédiatement après l'indépendance, le majestueux groupe Ali Tiddukla, encadré par l'éminent Idir, l'époustouflant Lghazi sont autant d'exemples qui caractérisent cette courte expérience», déplore Abdennour Abdesselam qui en dira sans doute beaucoup plus lors de l'hommage à Athmani, aujourd'hui et demain.