Sarkozy et son ami le roi En moins de 15 jours le souverain marocain vient de perdre deux de ses soutiens inconditionnels, partisans de l'annexion du Sahara occidental par le Maroc. Si l'élection à la présidentielle américaine et la primaire à droite en France pour désigner le candidat qui pourrait succéder à François Hollande ont accouché d'énormes surprises, pour le Palais royal elles représentent un véritable cauchemar. En moins de 15 jours le souverain marocain vient, en effet, de perdre deux de ses soutiens inconditionnels, partisans de l'annexion du Sahara occidental par le Maroc. Sous l'ère de l'ex-Première Dame des Etats-Unis, la diplomatie US avait vraiment manqué de tact. Elle avait fait preuve d ́un raté monumental. L'ancienne secrétaire d ́Etat américaine s ́était exprimée en faveur du plan d ́autonomie marocain alors que six rounds de négociations informelles entre le Maroc et le Front Polisario (supervisés par Christopher Ross) n ́avaient permis aucune avancée notoire. «Nous avons déjà fait part de notre conviction que le plan marocain d ́autonomie constitue une proposition sérieuse, réaliste et crédible, ainsi qu ́une approche à même de satisfaire les aspirations des populations concernées à gérer leurs propres affaires dans la paix et la dignité», avait déclaré le 23 mars 2011 à Washington Hillary Clinton lors d ́une conférence de presse animée conjointement avec l'ancien ministre des Affaires étrangères marocain, Taieb Fassi Fihri, avant que ne soit dévoilée plus tard l'affaire des 28 millions de dollars dont a bénéficié la Fondation Clinton de la part du Makhzen. Ce qui atteste de l'étroite connexion entre la candidate archifavorite pour succéder à Barack Obama et le Palais royal avant qu'elle ne descende de son piédestal après la victoire de Donald Trump que l'on présente comme étant loin d'être acquis aux thèses marocaines à propos de la question sahraouie. Ce n'est pas qu'un joker que le monarque chérifien venait de griller. 2017 avec, en plus, le SG de l'ONU Ban Ki-moon(honni par le Maroc) qui doit rendre le tablier à la fin de l'année devait théoriquement voir l'apparition d'hommes et de femmes au pouvoir dans leurs pays respectifs totalement en phase avec le pouvoir marocain. Les cartes ont été brouillées. Après le séisme politique provoqué par l'élection du milliardaire américain à la Maison-Blanche dont les répliques ont été fortement ressenties à Rabat, il était dit que le Palais royal allait boire le calice jusqu'à la lie. Son ami Nicolas Sarkozy a été sorti sans gloire et humilié de la primaire de la droite et du centre, le 20 novembre 2016. Elle devait lui ouvrir une seconde fois le chemin de l'Elysée. Un espoir évanoui pour le roi du Maroc. Un rêve brisé pour l'ex-président français qui il n'y a pas si longtemps faisait preuve d'une arrogance qui en dit long sur les velléités qu'il nourrit envers l'Algérie. Le président des Républicains qui était en Tunisie pour officiellement la soutenir dans son combat contre la barbarie, avait déclaré le 20 juillet 2015 dans l'enceinte du musée du Bardo, où il a rendu hommage aux victimes de l'attentat du 18 mars 2015: «L'Algérie, qu'en sera-t-il dans l'avenir, de son développement, de sa situation? C'est un sujet qui, me semble-t-il, doit être traité dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée.» Il récidivera au mois de janvier 2016 pour faire sans aucun doute plaisir à son ami le roi. «Vous savez que la position de la France a toujours été de soutenir la marocanité du Sahara occidental. J'ai toujours pensé ça. J'étais moi-même pour la première fois à Laâyoune en 1991. On aurait du mal à me convaincre de la nécessité d'une République sahraouie dans une région du monde minée par le terrorisme», dira-t-il à partir d'Abou Dhabi devant un parterre d'ambassadeurs accrédités aux Emirats arabes unis parmi lesquels figurait celui du Maroc. «Je ne dirais rien sur l'Algérie que j'aime beaucoup. Dès qu'on dit un mot, ça devient une polémique. Et pourtant pour ce pays, si riche de ses potentialités et d'une population extraordinaire, la question de son développement et de sa modernisation est posée», avait ajouté en guise d'estocade le prédécesseur de François Hollande pour faire plaisir à Sa Majesté. Un plaisir éphémère qui vient de s'évaporer. Si l'on ajoute à cela le réchauffement des relations entre Riyadh et Alger qui sont synonymes d'un correctif de la vision politique du Royaume wahhabite au Maghreb, il est incontestable que Mohammed VI aura été une victime collatérale de l'élection présidentielle américaine, de la primaire à droite en France et de la crise pétrolière qui a secoué l'Arabie saoudite.