Nour-Eddine Bedoui est le membre de l'Exécutif le plus sollicité durant cet été. Peut-être que le destin de cet homme était-il transcrit en majuscules par les dieux de la politique? De Tizi Ouzou à Tamanrasset. Des feux de forêts ravageurs et suffocants, du nord aux flots diluviens du sud, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Nour-Eddine Bedoui est le membre de l'Exécutif le plus sollicité durant cet été. Mis sous les feux de la rampe, il surseoit à son congé d'été. La mission qui l'attend ne recommande-t-elle pas une présence et une visibilité sur le terrain à la mesure des défis qui se dressent face au pays? Lucide et clairvoyant, Nour-Eddine Bedoui a le mérite de saisir les enjeux durant cette période difficile. Sa réputation politique s'est construite d'elle-même. Quand on ne va pas vers la politique, c'est la politique qui vient vers nous. Peut-être que le destin de cet homme était-il transcrit en majuscules par les dieux de la politique? Natif d'une ville côtière Aïn Taya, aux origines sudistes de Ouargla, Bedoui est l'exacte synthèse d'une Algérie plurielle. Aujourd'hui, il sera à Tamanrasset. La capitale de l'Ahaggar est depuis deux jours en proie à des inondations suite aux fortes pluies qui se sont abattues sur la ville. Une personne a été emportée par les eaux d'un oued en crue et une autre est morte noyée dans ces inondations. Avant-hier, il était à l'extrême ouest du pays pour s'enquérir des dégâts des feux de forêts. Auparavant, il a assisté aux côtés du ministre des Affaires religieuses et du ministre de la Santé au départ de la première vague des hadjis vers les Lieux Saints de l'islam, La Meque. Les «feux» l'ont conduit quelques jours plus tôt à l'est du pays après qu'il s'est rendu sur le terrain accidenté de la Kabylie qui a connu d'énormes pertes en raison de plusieurs incendies. Une escale qui valait son pesant d'or politique, mais surtout qui a permis de rassurer des citoyens qui ont perdu leurs vergers, leurs biens et parfois même des membres de leurs familles. Bedoui connaît bien la wilaya de Tizi Ouzou où il a entamé sa carrière au début des années 1990 en tant que directeur de l'administration locale aux côtés de Abdelmadjid Tebboune d'abord, et Mostefa Benmansour ensuite, qui étaient alors walis de Tizi Ouzou. De retour à Alger, il réunit les cadres de la Protection civile au niveau du centre opérationnel au siège de la direction générale (Dgpc) dans le cadre d'une visite sur le terrain pour s'enquérir des efforts déployés pour éteindre les incendies. Il a appelé à la mobilisation totale des différentes institutions de l'Etat et représentants de la société civile en vue de maîtriser, les jours à venir, la vague des feux de forêts qui s'est répandue dans nombre de wilayas. «Il faut une mobilisation totale et organisée des différentes institutions, organismes et représentants de la société civile et des citoyens, pour «accompagner les efforts des pouvoirs publics afin de protéger les ressources forestières et maîtriser les feux de forêts au cours des prochains jours», a déclaré le ministre pour atténuer les effets de ce qui apparaît aujourd'hui comme un drame national. Selon le bilan de la Protection civile, 1550 incendies ont été enregistrés depuis le début du mois de juin dernier dévorant 4401 hectares de forêts. Mais Bedoui n'a pas peur d'aller au feu. Comme un général, c'est sur le terrain de bataille qu'il a gagné ses galons. Ceux qui connaissent l'actuel ministre de l ́Intérieur savent qu ́il maîtrise parfaitement son sujet. Ils savent également que l'institut américain Gallup, cet étalon d'or du sondage politique, ne fait pas de cadeau quand il a classé l'Algérie comme étant l'un des pays les plus sécurisés au monde. En plus de a l'immense travail accompli par les éléments de l'ANP, aux frontières, les services de Nour-Eddine Bedoui ont été d'un apport certain pour détricoter tous les réseaux terroristes au nord du pays. Toutes les tentatives menées par l'organisation criminelle Daesh pour installer ses cellules en Algérie ont buté sur la vigilance des services de sécurité. Quant à la criminalité, les chiffres montrent bien qu'elle a décliné depuis ces dernières années. Le front haut, le regard brun, cet homme longiligne se distingue par sa simplicité. Ses proches collaborateurs rapportent qu'il n'a pas le don de la polémique et c'est tant mieux. En revanche, il est doué d'une grande capacité d'écoute. Bedoui a le contact facile, qui nous éloigne de ces ministres hautains, au style ringard, qui ruminent des formules guindées à vous donner le tournis. Le parcours de cet énarque est riche: il a occupé deux départements ministériels, celui de la formation professionnelle et actuellement l'intérieur. Plusieurs fois wali (Sidi Bel-Abbès, Bordj-Bou-Arréridj, Sétif et enfin Constantine. Modeste, mais doté d'un profond sens de la responsabilité, un vrai commis de l'Etat. En ces moments de flottement et de doute politique qui s'est niché au sein du gouvernement. Pour redresser la barre, Bedoui a le profil de l'emploi.