Horst Kohler Cette rencontre intervient dans le sillage de la nomination de John Bolton, considéré comme un proche de la cause sahraouie, en tant que conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche. Rabat grince des dents. Déjà pas rassuré par l'éviction de Rex Tillersson à la tête de la diplomatie américaine, le pouvoir marocain s'interroge désormais sur la position que va adopter la nouvelle administration américaine au sujet de la question sahraouie. Et il y a de quoi car elle risque d'être pilotée par un diplomate chevronné qui n'est ni plus ni moins qu'un ancien collaborateur de James Baker lui-même ex-envoyé spécial pour le Sahara occidental lorsque Kofi Anann était à la tête du Secrétariat général de l'ONU entre 1997 et 2006. Quelle lecture en fait-on du côté du royaume? «La désignation de John Bolton devrait provoquer des grincements de dents au Maroc, puisque l'ancien diplomate n'a jamais caché sa proximité avec l'Algérie et le Polisario», écrit le site marocain d'information Yabiladi. «Cet ancien représentant des Etats-Unis à l'ONU, du 1er août 2005 au 9 décembre 2006, s'était montré hostile aux intérêts du royaume. Il avait notamment défendu un élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental et l'organisation d'un référendum d'autodétermination.» ajoute le même média qui relève chez le successeur du général McMaster des positions qui ne sont pas sans rappeler celles de son mentor James Baker. «John Bolton avait en effet travaillé au sein de l'équipe du premier envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental», rappelle-t-il. Des spéculations qui ne peuvent occulter l'actualité qui est à l'origine de ce «remue-méninge». L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental qui a appelé à des négociations directes sans conditions entre le Maroc et le Front Polisario après avoir présenté son rapport devant le Conseil de sécurité a été reçu par le secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient, l'ambassadeur David Satterfield. Les discussions entre les deux hommes ont porté sur les perspectives du règlement du conflit au Sahara occidental. Nous n'en saurons rien de plus. Le pouvoir marocain tente de se rassurer, mais sa réaction le trahit. Il reste arc-bouté sur sa position. «Il n'y a pas de solution à la question du Sahara en dehors de la souveraineté marocaine et de l'initiative d'autonomie», a déclaré jeudi dernier le ministre marocain délégué chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, au lendemain de l'audition du représentant personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental par le Conseil de sécurité. Une sortie médiatique qui indique que le Maroc est sur la défensive. Est-ce une réponse aux propos tenus par le successeur de Christopher Ross? très possible. Réécoutons-le: «Mon rôle dans ce processus n'est pas celui d'un arbitre qui doit juger qui avait raison et qui avait tort dans le passé. Mon mandat consiste à trouver une voie pour l'avenir, une voie pouvant mener à une solution mutuellement acceptable et qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui», avait affirmé Horst Kohler lors de la présentation de son rapport au Conseil de sécurité. Autodétermination du peuple sahraoui: ce que le souverain ne veut point entendre. «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie...», avait déclaré Mohammed VI lors de son discours prononcé le 6 octobre 2017 à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. Ce qui va à l'encontre de la démarche de l'émissaire onusien qui envisage des négociations directes, sans conditions, entre le Maroc et le Front Polisario. «Le Conseil de sécurité a accueilli avec satisfaction la présentation de l'envoyé personnel sur ses récentes rencontres bilatérales avec les parties (au conflit) et les pays voisins», a indiqué le Conseil de sécurité à l'issue de l'exposé dont lui a fait part l'ex-président allemand. Le décor est planté. Horst Kohler n'est pas loin d'être pris en grippe par Mohammed VI...