Djamel Laroussi and friends mettent le feu dans la salle Entre des morceaux stands du jazz classique et d'autres du patrimoine algérien revisités aux couleurs du jazz, la soirée rehaussée par la présence de deux autres artistes a pris son envol jusqu'à enflammer la piste... Dans le cadre de la 19e édition du Mois culturel européen la salle Ibn Zeydoun a abrité mardi soir un concert de jazz fusion emmené par le célèbre guitariste algérien Djamel Laroussi qui, durant plus d'une heure, nous offrit avec la complicité de ses acolytes musiciens et chanteurs un bouquet de morceaux de jazz et d'autres issus du patrimoine algérien revisité à la sauce de l'improvisation et autres sonorités du monde. Pour ce faire il était accompagné de Nacer Menia, un batteur local, Smaïl Benhouhou, grand pianiste qui le suit depuis toujours, spécialiste des arrangements classiques, ayant étudié l'harmonie et enfin Didier Barbadila dont il ne tarira pas d'éloges, «c'est un excellent bassiste et qui a fait ses études avec moi à l'université de Cologne, en Allemagne. Il a joué avec toute la planète. C'est l'un des plus grands bassistes qui existent dans le monde», fera-t-il remarquer sur scène. Celle-ci était aussi rehaussée par la présence de Stella Gorges, une chanteuse de formation jazz et classique à la voix et palette très flexibles. Au menu «des morceaux de jazz revisités avec une touche algérienne d'un côté et de l'autre des morceaux algériens jazzifiés...». Mais avant cela, à l'entame du concert, Djamel Laroussi a tenu à dire que cette journée spéciale était marquée par la commémoration du 8 mai 1945 et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il n'omettra pas aussi de saluer la mémoire des victimes du crash de l'avion de Boufarik et d'entamer ce concert a capella en lisant le texte de son titre Hanana qui revient de façon apaisée sur l'après-guerre de Libération nationale et les sacrifices consentis par tout le peuple. Place cette fois au fameux morceau de jazz que tout le monde connaît, Take five, auquel Djamel Laroussi a introduit quelques sonorités orientalisantes. Stella entre sur scène pour interpréter les Feuilles mortes avant que le chanteur algérien El Hachemi Lounissi ne vienne reprendre à sa façon Taâli issue du patrimoine algérien. Titre actualisé récemment dans l'avant-dernier album de Sofiane Saâdi. Le chanteur poursuit avec My way de Frank Sinatra, puis c'est le tour du jazz de reprendre sa place avec un morceau instrumental en improvisation sur un thème au choix en symbiose avec le trio d'interprètes. Stella chante avec sa voix douce et romantique Night and day. Le chanteur algérien revient à la charge pour reprendre Ya bnat el sohba du music-hall algérien. Un boeuf général s'empare du groupe, mais Stella entonne Avava Inouva de Idir. Et le public de s'enflammer d'un coup. Une partie du concert vient de passer, studieuse, mais pas assez marquante. Elle est même quelque peu soporifique pour certains qui se demandent où sont les chansons phares de Djamel Laroussi qui faut- il le noter, avait la voix quelque peu cassée ou irritée ce soir. Et le morceau de Cole Porter I love Paris de se transformer sous le vocal de Stella en I love Algiers. Une voix formidable qui ponctuera son inclinaison mélodique par une belle démonstration céleste qui rappelle les chanteuses de l'opéra. Une surprenante performance vocale qui a enchanté le public. Mais ce dernier n'exultera enfin que quand Djamel Laroussi se mettra à chanter ses propres morceaux Zina ou encore Etoile filante, deux morceaux entraînants qui pousseront une bonne partie de l'assistance à aller danser sans se faire prier. On y remarquera le chef de la délégation de l'Union européenne en personne. Le public se déchaîne et les femmes lancent des youyous. Comme le public en redemande, Djamel Laroussi convoque un autre titre de son répertoire cette fois sous inclinaison gnawie et tout le monde est content. Standing ovation. Si le concert n'a rien donné à entendre de ce qui sera le futur album de Djamel Larousi, ce dernier qui collabore beaucoup avec d'autres artistes entend le faire sortir en 2019 puisque cinq morceaux sont déjà enregistrés et dans la boîte! Encore faut-il qu'il se concentre beaucoup plus sur ses propres projets car ses fans attendent cet album avec impatience et là ça fait quelques années quand même. Né et grandi à Alger, bercé de musique chaâbie et raï dès son enfance, Djamel Laroussi est connu de tous par son solo: L'Etoile filante, alias Ya Djilali daoui hali. L'enfant de Saint-Eugène, l'actuel Bologhine, a quitté l'Algérie pour intégrer La Haute Ecole de musique de Cologne en Allemagne et finir par y vivre. Mais il nous revient souvent pour donner le meilleur de lui-même en musique et le public le lui rend bien à chaque fois car la générosité et la sincérité y sont au rendez-vous, toujours!