La polémique continue Le comité exécutif de l'AMA a décidé jeudi lors d'une réunion à huis clos aux Seychelles de «rétablir» (neuf voix pour, deux contre, une abstention) l'agence russe antidopage Rusada «comme conforme au Code (mondial antidopage, ndlr), sous strictes conditions». L'Agence mondiale antidopage a fait passer «l'argent avant les principes» en annonçant jeudi la levée des sanctions contre la Russie et son système de dopage institutionnel ayant sévi entre 2011 et 2015, a fustigé vendredi son ancien directeur général David Howman. «Je suis un peu déçu, c'est le moins que l'on puisse dire. Cela donne l'impression qu'ils ont pris la décision de dévier d'une voie prudente et rassembleuse pour des raisons entièrement pragmatiques», a réagi Howman auprès de l'agence de presse britannique, au lendemain de la réunion du comité exécutif de l'AMA, qui a conduit à la décision de réintégrer l'agence russe antidopage Rusada, suspendue depuis novembre 2015. «L'AMA est passée d'une organisation qui tenait aux athlètes propres à une qui tient aux fédérations internationales qui n'ont pas été en mesure d'organiser des événements en Russie. C'est l'argent avant les principes», a regretté l'actuel patron de l'Unité pour l'intégrité dans l'athlétisme (AIU) qui dirigeait l'AMA entre 2003 et 2016. Howman pointe ici, entre autres, le Comité international olympique (CIO), qui n'a pas pu prévoir de compétition en Russie depuis l'annonce de la suspension. «Je m'en fiche que vous soyez sous pression, cela va avec le métier. C'est ce que vous devez endurer quand vous défendez des principes. Vous allez toujours déranger certains intérêts. Le risque pour l'AMA est qu'elle est passée d'un régulateur indépendant à une simple organisation de services pour les fédérations sportives», a-t-il ajouté. La star américaine de la natation Michael Phelps s'est joint aux critiques: «Quand une organisation va-t-elle entièrement prendre la responsabilité de changer les choses? Parce que ce n'est pas ça, le sport (...) C'est triste de voir cela. Quelqu'un doit prendre des mesures, et si l'AMA n'est vraiment pas partie pour faire quoi que ce soit, alors quelqu'un d'autre devra le faire», a-t-il dit à des journalistes à Hong Kong. «Cela va à l'encontre de tout ce que l'AMA est supposée défendre. Cela diminue sa crédibilité et la foi qu'ont les athlètes propre vis-à-vis d'elle», a pour sa part critiqué la détentrice britannique du record du monde du marathon Paula Radcliffe, auprès de la BBC. Le comité exécutif de l'AMA a décidé jeudi lors d'une réunion à huis clos aux Seychelles de «rétablir» (neuf voix pour, deux contre, une abstention) l'agence russe antidopage Rusada «comme conforme au Code (mondial antidopage, ndlr), sous strictes conditions», selon le président de l'AMA, Craig Reedie. Cette décision pourrait favoriser la réintégration de Rusada au sein de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), qui l'a bannie de compétitions depuis novembre 2015.