Une si longue attente A titre d'exemple, il faut savoir que l'accord de Paris reconnaît une latitude volontaire aux pays engagés dans la réduction des gaz à effet de serre, mais à la condition d'un suivi multilatéral et sous condition de transparence. La 24e Conférence climat de l'ONU (COP24) a dû se résoudre aux prolongations, hier, faute de validation d'un accord qualifié d' «ambitieux» pour la mise en pratique du pacte de la COP 21 à Paris. En effet, les discussions ont été constamment tendues et elles ont achoppé sur plusieurs points politiques essentiels. La conférence sur le climat devait en principe s'achever vendredi, mais tradition oblige, il a été convenu de poursuivre les travaux au moins jusqu'à hier soir afin de clôturer les débats avec un document consensuel, l'annonce du nouveau projet d'accord ayant été reportée à plusieurs reprises. Il faut dire que les réticences des uns et les exigences des autres avaient de quoi refroidir l'enthousiasme des plus avertis et il en ressort que la mission des délégations présentes, à savoir déterminer le mode d'application de l'accord de la COP 21 pour parvenir à la limitation du réchauffement climatique en deçà des 2°C, voire même 1,5°C par rapport à l'ère pré- industrielle ne pouvait être une partie de plaisir. A cela, diverses raisons dont les plus inquiétantes concernent un contexte géopolitique défavorable à la cause environnementale, une vive controverse autour du dernier rapport du Giec et les divisions profondes entre les pays du Nord et ceux du Sud. A titre d'exemple, il faut savoir que l'accord de Paris reconnaît une latitude volontaire aux pays engagés dans la réduction des gaz à effet de serre, mais à la condition d'un suivi multilatéral et sous condition de transparence. Des postulats qui ne sont pas du goût de certains pays pollueurs dont les plus déterminés ont été sans surprise les Etats-Unis et la Chine, le premier des pays en développement, le respect de règles strictes, alors que le second plaide pour une certaine «flexibilité». Cette position américaine a été jugée équivoque pour une puissance qui s'apprête à quitter l'accord sur le climat en 2019, conformément à la doctrine de l'administration Trump. L'autre motif qui fâche énormément a trait au financement des politiques environnementales, les pays du Nord s'étant engagés à apporter une contribution à l'effort que doivent fournir les pays du Sud et ce au plus tard en 2025. Là encore, les Etats-Unis ont déployé des trésors d'arguments pour gommer la différence entre pays développés et pays en développement, cheville ouvrière de l'accord de Paris, d'une part, et pour imposer la prise en compte de la pollution actuelle uniquement. Quant au point «pertes et préjudices» censé apporter un certain «réconfort» aux pays en développement affectés déjà par le réchauffement climatique, Washington souhaiterait le voir traiter avec une infime prudence. Enfin, si la COP admet du bout des lèvres l'utilité du rapport du Giec qui lui fournit les données scientifiques nécessaires à sa réflexion, certains de ses membres, comme les Etats-Unis, la Russie et l'Arabie saoudite, rejettent la formule selon laquelle la COP l'«accueille favorablement» et proposent une tournure alambiquée. En clair, il y a, à Katowice comme lors des sessions précédentes, de fortes résistances venues pour beaucoup des pays dont les engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre sont très insuffisants et qui, de surcroît, doivent être une fois de plus invités à une mise à jour de leur contribution d'ici 2020!