Personne n'en parle. La harga a connu un recul sensible laissant place à la réflexion devant tourner autour de la sensibilisation de ces jeunes en quête d'un avenir meilleur contrairement à celui qui leur a été fait miroiter dans le passé alors qu'il n'en est rien, hormis des promesses sans lendemain. Ces jeunes, songeurs, rêvant de l'eldorado incertain, ont pris leurs marques en se «distançant» amplement de ce phénomène ayant, pourtant, constitué leur seule et unique arme, ne jurant que par la harga arguant leur acte par «l'obstruction» de tous les canaux permettant leur épanouissement dans leur mère-patrie, l'Algérie. Il n'a plus cours ce phénomène dans les temps présents. Pour cause, le Covid-19 en attendant les au-tres explications des sociologues, ces derniers sont appelés à intervenir pour tirer au clair le fait que les jeunes Algériens ne se livrent plus aux seigneurs de la mer alors qu'ils étaient adeptes des traversées rien que pour démontrer, tout joyeux, des vidéos qu'ils postaient pendant qu'ils affrontaient tous les risques de la mer. Le phénomène de la harga s'est estompé à l'avènement du Hirak pour reprendre des ailes quelques mois après et s'estomper définitivement à l'avènement du Covid-19, laissant place aux bilans et à la réflexion de sorte à s'asseoir autour de la table, ouvrir les débats et solutionner cette problématique qui a, dans un passé très récent, pris des courbes fulgurantes et qu'aucun dispositif n'a réussi à juguler. Passée donc cette zone de choc, le temps d'ouvrir un vaste front de réflexion dans lequel les «artisans» en relation avec cette problématique sont appelés à répondre à toutes les questions devant être posées avec acuité. Le barreau d'Oran a anticipé les choses après avoir organisé, dans un passé très récent, un colloque sur le phénomène des harraga au Musée du moudjahid, en présence d'avocats, de magistrats et de membres de la société civile. Cette rencontre entre hommes de loi de la région ouest et de la société civile, en présence de quelques harraga qui ont eu à exposer leurs expériences et ce dans un débat à la fois passionnant et captivant. La rencontre a, dans un premier temps, tourné autour de la législation applicable en la matière et des perspectives à envisager face à la sociologie de ce phénomène. Les juristes ont été motivés à s'attabler autour de cette problématique du fait que les côtes oranaises en particulier et de l'Ouest de manière générale ont, des années durant, servi de rampe de lancement de plusieurs centaines de boat-people en direction des rivages ibériques, l'Espagne. Plusieurs expéditions, toutes illégales, aboutissent, d'autres échouent très souvent en pleine mer provoquant d'importantes pertes humaines. Plusieurs dizaines de corps dee harraga ont été repêchés. Depuis le début de l'année dernière, les services de la Gendarmerie nationale ont traité 45 affaires relatives à l'émigration clandestine qui ont permis l'arrestation de 84 harraga sur les rivages ou au large des plages oranaises. Et il n'est pas rare que la mer rejette des corps de harraga noyés tout le long de la côte Ouest. En fin d'année dernière, les unités du groupement territorial des gardes-côtes d'Oran ont mis en échec une tentative de 116 harraga ayant pris le large des côtes oranaises, après plusieurs tentatives d'émigration clandestine. Cette rafle est le fruit d'une patrouille lancée par les gardes-côtes ayant ouvert plusieurs fronts, cinq opérations distinctes, au nord de cap Falcon, au large à partir d'Oran et à cap Aiguille, dans la région de Kristel. Les 116 candidats à l'émigration clandestine, dont cinq mineurs et une femme, ont tenté de rejoindre les côtes espagnoles. Trois groupes de harraga ont été interceptés par les gardes-côtes au nord de cap Falcon et deux autres respectivement au nord du port d'Oran et de cap Aiguille.