Au Mali, sur le plan sécuritaire, les mois se suivent et se ressemblent. Dans la nuit de mardi à mercredi, trois militaires maliens ont été tués lors d'une attaque près de Koro, au centre du pays, non loin de la frontière burkinabé. C'est ce qu'a révélé une source sécuritaire malienne. Une position de l'armée, à Birga-Peul a été attaquée vers 23h00 GMT par des «individus non identifiés», a précisé cette source, faisant état d'un bilan de trois morts appartenant à la Garde nationale (gendarmerie), une composante de l'armée. Deux véhicules ont été calcinés et un troisième a été emporté par les assaillants, toujours selon cette même source. Dans cette région tributaire d'une forte recrudescence de la violence terroriste, depuis 2015, le groupe du prédicateur peul Amadou Koufa se renforce de plus en plus, malgré les efforts des troupes maliennes et des forces internationales de l'ONU et de Barkhane (France). Outre la propagation du terrorisme, le Mali souffre également des affrontements périodiques entre la communauté Peul, composée majoritairement d'éleveurs, et celles des Bambara et des Dogon qui s'adonnent, quant à elles, à l'agriculture. Les luttes ethniques ayant proliféré, elles se sont organisées en groupes d'autodéfense, donnant au conflit un caractère de plus en plus dramatique. Les chasseurs traditionnels Dozo, issus de la communauté Dogon, ont ainsi attaqué plusieurs villages au cours des mois précédents, faisant des victimes parmi les femmes et les enfants. Mardi, encore, un enlèvement a visé une vingtaine de personnes par des individus armés «non identifiés». La moitié d'entre elles fut relâchée mais les dix autres sont toujours retenues par les terroristes, selon le chef du village de Farabougou dont la foire hebdomadaire a fait l'objet de l'attaque au cours de laquelle un jeune homme a été tué. Les personnes relâchées sont, pour l'essentiel, des femmes et des enfants. L'armée reconnaît que des groupes terroristes et d'autres d'autodéfense opèrent dans la zone de l'enlèvement, confirmant par-là même les risques graves que subissent les habitants de ces localités. Ces faits montrent à quel point le Mali baigne dans un contexte inquiétant et dramatique pour les populations en proie facile à des attaques de diverses natures. L'urgence d'un pacte consensuel, maintes fois soulignée par l'Union africaine et, plus encore par l'Algérie qui multiplie les efforts afin de stabiliser et de sécuriser le pays voisin, revêt désormais un caractère d'urgence absolue, si l'on considère l'ampleur du danger terroriste qui se propage à une cadence exponentielle, nourri par les groupes surgissant de diverses contrées telles que la région du lac Tchad. Pour la diplomatie algérienne, le Mali est un enjeu prioritaire dans la mesure où il constitue la base arrière d'une pandémie terroriste qui menace tous les pays voisins et c'est pourquoi le MAER algérien a effectué, ces derniers jours, une double visite à Bamako afin d'apporter un soutien clair et franc aux dirigeants de la transition dont la mission est, notamment de renforcer la lutte antiterroriste tout en confortant la cohésion sociale des groupes ethniques, effrayés par de graves atteintes aux personnes et aux biens.