Le Front Polisario a affirmé, hier, poursuivre les combats au Sahara occidental alors que plusieurs pays appellent à respecter le cessez-le-feu de 1991, après l'opération militaire lancée ven-dredi par le Maroc dans la zone du mur de séparation (illégal) à El Guerguerat, à la frontière de la Mauritanie. Selon un communiqué du ministère de la Défense de la Rasd, publié vendredi soir, les forces sahraouies ont mené, vendredi après-midi, des «attaques massives» le long du mur de défense marocain dans les zones de Mahbès, Haouza, Aousserd et Farsia, tandis que les forces d'occupation marocaines ont intensifié les opérations d'enlèvement et d'arrestation des militants des droits de l'homme sahraouis dans les villes occupées, et ce depuis le début du sursaut populaire à El Guerguerat ayant fait l'objet d'agressions par les forces militaires marocaines, hier, vendredi, en violation flagrante du droit international. Ainsi, le cessez-le-feu, conclu en 1991 après 16 ans de guerre et qui a débouché, en vain, sur de multiples tentatives de négociations, chapeautées par la communauté internationale, se conjugue désormais au passé simple. Et cela après que le Front Polisario a affirmé vendredi que «la guerre a commencé» au Sahara occidental et que l'Armée populaire de libération sahraouie répliquait à l'armée marocaine qui a déclenché une opération militaire à El Guerguerat. En effet, le président sahraoui, Brahim Ghali, a annoncé officiellement samedi dans un décret présidentiel, la fin de l'engagement au cessez-le-feu signé entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc en 1991, suite à l'agression marocaine dans la région d'El Guerguerat, rapporte l'Agence de presse sahraouie (SPS). En effet, le président sahraoui a fait savoir qu'il avait «déclaré l'état de guerre» et décrété «la reprise des actions armées, afin de protéger les droits inaliénables de notre peuple». «En application de la résolution 690 du Conseil de sécurité de 1991 pour organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, Brahim Ghali a signé un décret présidentiel le 13 novembre 2020, selon lequel il annonce la fin de l'engagement au cessez-le-feu que l'occupation marocaine avait torpillé», a souligné le décret de la Rasd. Une décision prise selon le chef suprême des Forces armées sahraouies, «après que le Royaume du Maroc a violé l'accord de cessez-le-feu en attaquant, le 13 novembre 2020, des civils qui manifestaient pacifiquement devant la brèche illégale d'El Guerguerat, et ouvrant trois autres brèches dans le mur militaire marocain en violation flagrante de l'accord militaire N°1 signé entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc, sous la supervision des Nations unies. «C'est une agression. Les troupes sahraouies se retrouvent en situation de légitime défense et répliquent aux troupes marocaines qui essaient de continuer leurs marches en dehors du mur de défense qui constitue la ligne de démarcation», a déclaré Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) ajoutant que «la guerre a commencé. Le Maroc a liquidé le cessez-le-feu signé en 1991», en réaction à l'opération militaire lancée par le Maroc à El Guerguerat. Juste après l'agression marocaine, le président Ghali a adressé une lettre urgente au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres et à la Représentante permanente de Saint-Vincent-et-les Grenadines auprès des Nations unies, Rhonda King, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité, pour les avertir des répercussions de l'attaque agressive lancée par les forces militaires marocaines contre des civils sahraouis non armés manifestant pacifiquement près de la brèche illégale d'El Guerguerat. Pour le président sahraoui, cette agression est «un acte prémédité de la part de l'Etat occupant pour torpiller les efforts de l'ONU visant à atténuer les tensions et désamorcer la situation à El Guerguerat». Une agression attendue puisque Brahim Ghali avait averti, début novembre dernier, ne pas écarter une réédition du scénario Gdeim Izik à Guerguerat, avertissant que «toute atteinte à un quelconque citoyen sahraoui reviendrait à un retour à la guerre» et que «l'entrée de tout élément militaire, sécuritaire ou civil marocain» à Guerguerat, qui borde une zone contrôlée par les Casques bleus de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso), serait «considérée comme une agression flagrante, à laquelle la partie sahraouie répliquera énergiquement, en légitime défense et en défendant sa souveraineté nationale». Dans une déclaration reprise par l'APS, le président sahraoui avait indiqué: «Nous ne souhaitons pas un retour à la case zéro et nous ne voulons pas l'effusion du sang, mais force est de constater, malheureusement, aujourd'hui, que le monde dans lequel nous vivons n'est ému que par l'effusion du sang des innocents et je crains que le peuple sahraoui ne soit contraint à ça.» Loin de tenir compte de ces avertissements, le Maroc a franchi le Rubicon au risque d'enflammer la région.