Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a tenu, hier, une réunion ministérielle, présidée par l'Algérie, et consacrée à la question cruciale de l'accès du continent africain aux vaccins anti-Covid-19. Cette nouvelle session intervient après celle de la semaine dernière, ayant pour objet la situation qui prévaut en Libye, et elle s'est déroulée sous la présidence du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, en vue d'établir un bilan exhaustif de la pandémie qui affecte l'ensemble du continent africain. Parmi les différents points figurant à l'ordre du jour, il a surtout été question de l'inadéquation flagrante entre l'offre réelle des vaccins et leur répartition géographique. Sur ce plan, le constat est tout simplement effarant: début mai courant, il y a eu plus de 1,1 milliard de doses de vaccins anti-Covid qui ont été administrés, sauf que 80% de cette masse ont concerné exclusivement les pays riches, à quelques rares exceptions près, les pays au faible revenu n'ayant obtenu que 0,2% de cette quantité. Chiffres délivrés par l'Organisation mondiale de la santé et donc peu suspects d'être entachés par une quelconque subjectivité. L'OMS qui a mis en place, conjointement avec l'ONU, le système Covax afin de venir en aide aux pays pauvres souligne, sans cesse, le risque encouru par les populations démunies et tout particulièrement celles du continent africain, déjà confronté à d'autres maux comme la malnutrition, l'insécurité ou l'exploitation des ressources naturelles. C'est ainsi que le CPS s'est interrogé sur les conséquences plus que probables de la pandémie sur les économies de certains pays africains, la menace épidémique venant se greffer aux autres facteurs pour les aggraver d'autant. Il est à craindre, même, estime l'organe principal de l'Union africaine en charge des questions de paix et de sécurité que la pandémie ne vienne bousculer le calendrier relatif à la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange du continent africain (ZLECA). Comme aussi, le risque existe de voir la pandémie contraindre d'autres programmes de l'UA, dont celui baptisé «Faire taire les armes» auquel les dirigeants africains accordent une importance cruciale. C'est pourquoi le CPS insiste avec force sur le caractère universel des vaccins qui constituent un bien public mondial, conformément à la résolution 2565 que l'ONU a adoptée récemment. Forte des expériences antérieures, l'UA a entrepris de mettre en oeuvre un Fonds spécial de lutte contre la pandémie de coronavirus assorti d'une plate-forme africaine d'approvisionnement en médicaments ainsi que des opérations de partenariat pour intensifier les dépistages au sein des populations les plus affectées. Elle a également procédé à des démarches pour faciliter l'acquisition des vaccins destinés aux pays membres, à partir d'une instance chargée des négociations auprès des laboratoires concernés. Il n'empêche, le CPS saisit l'opportunité de cette réunion présidée par l'Algérie pour mettre en garde contre les conséquences dramatiques du monopole actuel des vaccins, exhortant les partenaires, les donateurs bilatéraux et multilatéraux, les institutions financières et le secteur privé à soutenir les mécanismes COVAX et AVATT, en vue d'étendre l'offre tant en Afrique qu'à travers le monde au moment où, comme l'Algérie, les pays membres de l'UA sont pleinement engagés sur le front de la lutte contre la pandémie.