L'été semblé avoir pris une longueur d'avance. La hausse des températures est annonciatrice d'une saison estivale caniculaire, synonyme d'incendies et de feux de forêts spectaculaires, qui ravagent annuellement flore et faune avec des incidences désastreuses sur les activités agricoles et d'élevage de montagne et de certaines régions qui dépendent de cette activité économique. Les conséquences sur les plan humain et matériel entraînent des pertes désastreuses. Le bilan de l'année 2020 est lourd. Les feux de forêts ont touché 39 wilayas, ont ravagé 43.919 ha de surface forestière et se sont soldés malheureusement par des pertes humaines. «Les incendies déclenchés, à travers 39 wilayas l'année dernière, ont ravagé des surfaces forestières ''importantes'', impactant ainsi plusieurs activités (arboriculture, apiculture et élevage...) et les exploitations agricoles, et ce en sus des pertes humaines et matérielles, a déclaré lundi le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelhamid Hemdani dans son allocution prononcée à l'occasion de l'ouverture de la réunion de la Commission nationale de protection des forêts (Cnpf) pour l'année 2021. Un phénomène qui menace le patrimoine forestier et la sécurité des implantations humaines situées à la lisière, voire à l'intérieur des zones boisées. Y a-t-il une stratégie pour les combattre? Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a fait état d'un programme qui cible 40 wilayas et prévoit une série de mesures. Quelles sont-elles? Il y a notamment «le système d'intervention englobant 404 tours de contrôle, 478 équipes de première intervention et 43 camions citernes de grande capacité pour assurer l'approvisionnement en eau, 2892 points d'eau au niveau des forêts et régions alentours, outre 878 ateliers avec un effectif de 10.218 agents mobilisables en cas d'extrême urgence.» a indiqué Abdelhamid Hemdani qui a mis en exergue l'importance du patrimoine forestier estimé à 4,1 millions d'hectares de surfaces boisées pour le développement rural et la préservation de l'équilibre écologique et environnemental. Face à cette guerre du feu dévastatrice, l'Algérie envisage de renforcer son arsenal pour lutter plus efficacement contre les feux de forêts. «L'acquisition d'avions bombardiers d'eau, à l'instar de certains pays du Bassin méditerranéen (Portugal, Malte, Grèce), serait d'un apport non négligeable pour la lutte contre les incendies de forêt en Algérie», a suggéré Ilhem Kabouya, directrice de la protection de la flore et de la faune, auprès de la DGF, lors de cette rencontre dédiée à la préparation de la campagne de lutte contre les feux de forêts pour 2021. Une année qui ne s'annonce pas de tout repos vu l'état de stress hydrique, le déficit en pluviométrie que connaît le pays. L'été s'annonce chaud tout comme il pourrait jouer les prolongations. Il faut se souvenir qu'une dizaine de wilayas ont été la proie des flammes dans la nuit du 6 au 7 novembre 2020. En plein mi-automne. Qui l'aurait cru? Il faut souligner qu'en plus des températures caniculaires, les départs de feu sont imputés à la main de l'homme, à des actes criminels qui sont devenus monnaie courante. Les pouvoirs publics avaient sèchement réagi à ces agressions, ces violences caractérisées contre la nature qui se soldent par des pertes considérables d'arbres fruitiers, d'oliviers... impactant économiquement des populations entières qui tirent l'essentiel de leurs maigres revenus de cette terre nourricière, décimant au passage toute une faune inféodée à ce milieu. Une série d'enquêtes fut ordonnée par le chef de l'Etat. Ce qui s'est soldé par des limogeages en série des responsables défaillants lors d'un été pas comme les autres où les énergies étaient concentrées sur la lutte contre la propagation de la pandémie de coronavirus. Un scénario que les soldats du feu espèrent ne pas revivre cette année.