C'est ce qu'ont indiqué à L'Expression des sources autorisées. De bonne source, nous apprenons que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pourrait décerner, le 5 juillet prochain, à l'occasion du 44e anniversaire de l'indépendance nationale, une dizaine de prix dont les récipiendaires seraient des journalistes de la presse publique et privée. Ce serait là une grande nouveauté puisque les hommes et les femmes des médias n'ont jamais été associés à ce genre de cérémonies qui ont concerné surtout les personnalités de la guerre de libération nationale et les artistes. Un tel geste de la part du premier magistrat du pays serait une reconnaissance explicite du sacrifice et du travail exemplaire accompli par un grand nombre de journalistes qui ont oeuvré, souvent au prix de leur vie, à la défense des valeurs républicaines et ont su privilégier en toutes circonstances l'intérêt supérieur de la nation. Déjà, à l'occasion de la Journée internationale de la presse, le président Bouteflika avait pris une décision que les médias, toutes tendances confondues, ont appréciée à sa juste valeur, celle de gracier tous les journalistes définitivement condamnés. C'était là un signal fort de son intérêt et de sa sollicitude envers une profession qui n'est certes pas exempte de défauts mais qui oeuvre dans des conditions d'instabilité et de pénibilité particulièrement lourdes. Par ce geste, le chef de l'Etat a démontré qu'il garde un oeil attentif sur une presse nationale en phase de maturation et qu'il n'est pas insensible à ses difficultés et à ses ambitions. Appréciant à sa juste mesure l'évolution qualitative de cette presse, le président de la République voudrait, donc, récompenser le rôle et l'action de certains journalistes dont le parcours, qu'il s'agisse de la presse publique ou privée, aura été en tout point exemplaire quant à l'exigence de l'éthique et de la déontologie mais aussi face aux enjeux cruciaux qui impliquent une mobilisation pour la défense des intérêts matériels et moraux du pays. Parce que la critique est aisée et que l'art est difficile, on peut dire que le président Bouteflika appréhende à sa juste mesure la signification, ô combien symbolique, d'une telle reconnaissance vis-à-vis de ceux qui ont servi le pays par leurs écrits et par leur engagement, dans les moments les plus difficiles. En honorant des journalistes, comme sont honorés des «historiques», des artistes et autres gens de mérite, le chef de l'Etat ouvrirait la page à une tradition des plus nobles et des plus stimulantes pour le devenir de la profession qui a tant besoin de progresser, au plan de la technicité, bien sûr, mais aussi et surtout en matière de responsabilité et d'objectivité. Il y a eu, notons-le bien, des distinctions qui ont été décernées, par le passé, à des journalistes par le président Chadli Bendjedid. Mais il s'agissait là d'une initiative impromptue et non pas de l' avènement d'une tradition établie qui contribuerait à l'instauration d'un meilleur climat entre l'Etat et les médias, d'une part, et à l'émergence, d'autre part, d'une culture républicaine, à même de fonder les assises morales et politiques par lesquelles la société civile peut ambitionner légitimement un rôle à la mesure de ses potentialités. L'Algérie peut s'enorgueillir, à juste titre, d'avoir une presse des plus dynamiques et, souvent même, des plus critiques, tant au niveau du Maghreb que du monde arabe, en général, et c'est donc une raison nécessaire et suffisante pour conférer aux femmes et aux hommes de la profession publique et privée une distinction régulière qui consacre les plus méritants, à l'aune du professionalisme et du mérite à l'égard de la nation.