Décidément, Ali Aoun n'a pas la langue dans sa poche. Le ministre de l'Industrie pharmaceutique dit ses vérités sans détour et sans ménagement. «Les textes et les lois existants comportent des contradictions à l'origine du retard dans la production des médicaments en Algérie», la-t-il affirmé lors d'un point de presse animé au siège de l'unité Saidal, à l'occasion de sa visite, mardi, à Annaba. Pour y remédier, il annonce une batterie de mesures allant dans le sens, d'une part, de la redynamisation de la production nationale, et de l'autre, de la libération des investissements.« Avec l'élaboration d'un nouveau dispositif réglementaire du secteur, rien ne sera plus comme avant dans le domaine de la fabrication des médicaments», a-t-il martelé. Parmi ces mesures, le ministre citera la levée des obstacles et des entraves freinant la production du médicament et la hausse de la production, afin de faire face aux ruptures d'approvisionnement. Il a également soulevé le dossier de la pré-soumission exigée dans la procédure de dépôt des projets et la révision du taux d'intégration devant permettre aux investisseurs de contribuer au développement de l'industrie des médicaments en Algérie et élargir la liste des médicaments produits localement, ajoutant que le critère de la qualité demeurera la première condition afin d'investir dans ce secteur. Dans cet ordre d'idées, le ministre annoncera que «son département a annulé la condition portant fixation du taux d'intégration à 30% pour homologuer le produit pharmaceutique en Algérie». Une mesure à même d'accompagner et de promouvoir l'investissement dans le secteur de médicaments en Algérie, d'autant que le taux d'intégration dans le domaine pharmaceutique varie actuellement, ne dépassant pas les 10%. Abordant le problème de la rareté de certains médicaments, le ministre rétorquera qu' «il n' y a pas de rareté de médicaments» mais, admet-il, «une tension sur le marché». Une situation découlement de la pandémie de coronavirus, qui a contraint les producteurs dans le monde à fermer, créant ainsi une tension sur le marché des médicaments. À cela s'ajoute la spéculation, où sont devenus maîtres les tenants du «cabas». « Un lobby auquel j'ai déclaré la guerre jusqu'à l'anéantissement du fléau», soutient le ministre. Concernant justement les remèdes anticancer, Ali Aoun affirme que « 60% du budget de la Pharmacie centrale des hôpitaux sont orientés vers l'achat des produits anticancer». Concernant l'unité Saidal de Annaba, il a estimé qu' «elle n'est plus en mesure de subir des extensions, en raison de sa présence en plein centre-ville». Aussi, a-t-il annoncé «son transfert dans la daïra d'El Bouni où elle a bénéficié d'un terrain», tout en rappelant que «le processus de délocalisation de cette usine avait été décidé en 2004». Devant cet état de fait, le ministre a fixé, aux responsables, le délai «d'une année pour délocaliser l'unité de production de médicaments». Un déplacement devant permettre d'adopter un plan de développement de la production du médicament dans cette unité, qui compte une ligne du médicament sec et deux lignes d'emballage, avec une capacité dépassant six millions d'unités/an. Aussi, a-t-il mis l'accent sur la nécessité d'élargir la gamme aux autres produits agréés, en vue de renforcer la production locale, notamment en médicaments destinés aux hôpitaux.