Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov était attendu en Inde hier pour une réunion du G20 à laquelle prend part son homologue américain Antony Blinken, dans un contexte de division du Groupe des Vingt à propos de l'Ukraine. Cette réunion de deux jours à New Delhi entre MAE du G20 intervient après celle des ministres des Finances, qui n'ont pu s'entendre samedi sur un communiqué commun en raison de divergences sur l'Ukraine. La Chine et la Russie n'ont pas validé les paragraphes du document faisant référence à «la guerre en Ukraine». Aucune rencontre entre Lavrov et Blinken n'est à l'ordre du jour. Leur dernière rencontre remonte elle à janvier 2022. Ils se sont néanmoins entretenus par téléphone mais pas sur ce sujet. Lavrov est arrivé mardi soir en Inde, pays qui entretient une amitié de longue date avec la Russie et n'a pas condamné l'opération spéciale en Ukraine. Sergueï Lavrov doit profiter de sa participation au G20 pour s'en prendre à l'Occident, selon un communiqué du MAE russe. «La politique destructrice des Etats-Unis et de leurs alliés a déjà précipité le monde au bord au bord de la catastrophe, provoqué un recul du développement socio-économique, et a gravement aggravé la situation des pays les plus pauvres», indique le document publié mardi. Un entretien entre Blinken et le MAE chinois Qin Gang est également incertain, tant les relations entre la Chine et les Etats-Unis sont tendues et ont viré à l'aigre depuis la destruction le 4 février d'un ballon chinois survolant les Etats-Unis. Washington affirme qu'il s'agissait d'un engin espion, tandis que Pékin présente l'appareil comme un aéronef civil qui avait dévié de sa trajectoire. L'incident avait poussé Blinken à reporter à la dernière minute une rare visite à Pékin, censée apaiser les tensions avec le rival chinois. Parmi les nombreux sujets de contentieux figure également Taiwan, une île de 24 millions d'habitants que la Chine revendique comme partie de son territoire depuis 1949. Il y a dix jours, Antony Blinken et le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, se sont entretenus en Allemagne lors d'un échange qualifié de «franc et direct» par Washington. Blinken avait «mis en garde» son interlocuteur contre les «implications et les conséquences» pour la Chine s'il s'avérait qu'elle apporte un «soutien matériel» à la Russie dans le conflit en Ukraine ou l'aidait à échapper aux sanctions occidentales -ce que Pékin dément. Le président chinois, Xi Jinping, recevait parallèlement, hier, à Pékin, le principal allié de Moscou, le président bélarusse Alexandre Loukachenko. L'Inde, pays organisateur du G20, se fixe pour priorité de sa présidence la réduction de la pauvreté et le financement des effets du réchauffement climatique. Ses objectifs sont toutefois rattrapés par les conséquences de la guerre en Ukraine sur l'économie mondiale. Un sujet délicat pour l'Inde, important client de Moscou dans le domaine militaire et qui a accru depuis un an ses importations de pétrole russe.