Le point d'orgue a été la réception solennelle que lui a réservée son homologue, Vladimir Poutine, au majestueux Palais du Kremlin à Moscou. Décidément très satisfait, le président russe n'a pas tari d'éloges sur cette visite qu'il a qualifiée de «fructueuse» sur tous les plans, en témoignent, explique-t-il, les conventions signées entre les deux pays, soulignant à ce propos «l'importance de la Déclaration de partenariat stratégique approfondi» qui se veut un document bilatéral définissant les priorités de la coopération à long terme. Les mots de Poutine étaient forts. Parlant du président Tebboune, il l'a qualifié de «partenaire clé dans le Monde arabe et en Afrique». Il rappelle tour à tour que l'Algérie est «le premier partenaire de la Russie dans le continent africain», que les relations algéro-russes «reposent sur le respect mutuel des intérêts», que ces mêmes relations connaissent un progrès dans le cadre de «l'amitié et du respect mutuel». Il relève que le volume des échanges commerciaux bilatéraux ont augmenté de 73% depuis l'année dernière et enfin, il rafraîchit la mémoire au sujet des relations diplomatiques entre les deux pays qui ont célébré, l'année dernière, leur 60e anniversaire pour rappeler que l'histoire de la coopération entre les deux pays qui remonte à une longue date constitue un socle solide pour le partenariat économique et politique. La même satisfaction s'est retrouvée chez les autres hauts responsables russes qui ont commenté la visite de Tebboune en Russie. «C'est un évènement historique», a confié le représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l'Afrique, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. De son côté, le ministre russe du Développement économique, Maxim Reshetnikov, a assuré que «l'Algérie est notre partenaire clé en Afrique». Pour sa part, Alexis Repik, président de l'association d'affaires russe (Delovaya Rossia), a soutenu que l'Algérie est l'une des destinations «prioritaires» pour les hommes d'affaires russes «particulièrement en cette conjoncture internationale marquée par des perturbations». Cette visite revêt un cachet très particulier. Elle a été placée sous les feux brûlants de l'actualité médiatique vu le contexte international marqué par la guerre en Ukraine. Si le monde occidental a pris fait et cause pour l'Ukraine qu'ils soutiennent financièrement et militairement contre la Russie, l'Algérie s'attache âprement au principe du non-alignement pour rester à équidistance des deux belligérants. Elle entend avoir les meilleurs rapports aussi bien avec la Russie, un des ses partenaires privilégiés, qu'avec l'Ukraine. En février dernier, elle a décidé de la réouverture de l'ambassade d'Algérie à Kiev. «Cette visite ne signifie pas que l'Algérie bascule dans le camp de la Russie. Elle permet avant tout aux Algériens de contrebalancer ce qu'ils entreprennent dans d'autres domaines. Leur message est: «Nous avons toutes les options», décrypte Isabelle Werenfels, spécialiste du Maghreb à l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP), basé à Berlin. Partout, le message porté par la diplomatie algérienne a été le même: promouvoir la paix à travers le monde et s'employer à aider les pays qui en ont besoin. Abdelmadjid Tebboune n'a pas cessé de rappeler que la politique étrangère algérienne reposait sur les principes de paix et de refus de l'asservissement des peuples. Ce n'est pas par amour de l'intrigue ou par une tendance innée à se quereller que la diplomatie algérienne a choisi le non- alignement et le droit des peuples à l'autodétermination. C'est inscrit dans ses gènes diplomatiques. De plus, l'Algérie qui a toujours prôné un règlement pacifique des conflits a affiché son entière disponibilité à fournir des efforts de médiation dans le conflit armé opposant la Russie à l'Ukraine. Ce à quoi le président Poutine a exprimé ses vifs remerciements. L'Algérie est amie des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie. Avec ce dernier, pays, le président Tebboune a rappelé que la relation est historique. En témoigne la forte symbolique de la stèle inaugurée à Moscou en hommage à l'Emir Abdelkader. Faut-il rappeler également l'apport de l'ex- URSS par son soutien au peuple algérien dans sa lutte contre le colonialisme français? Au lendemain de l'indépendance, les deux pays se sont engagés dans de grandes opportunités, notamment dans le domaine industriel et de la formation.