Dérèglement climatique oblige, les premières pluies d'automne prennent des allures de moussons dans le nord du pays. Depuis une vingtaine d'années, l'Algérie est sujette à ce phénomène de déferlement de fortes pluies avec souvent des averses localisées où il tombe l'équivalent de plusieurs semaines de pluie en quelques heures. L'on est certainement loin des grandes inondations de Bab El Oued, du 10 novembre 2001, mais il est clair que cette catastrophe a ouvert le bal à des épisodes d'intempéries meurtrières qui suivent une longue période de sécheresse. Les climatologues confirment la persistance de ce dérèglement et annoncent des complications d'année en année. Ainsi, quelques semaines après la séquence mortelle de Bordj Bou Arréridj, les averses, qui continuent d'affecter plusieurs régions du pays ont causé, au moins huit morts, emportés par les eaux pluviales, à Tlemcen et El Bayadh durant les dernières 24 heures. C'est ce qui ressort des derniers bilans provisoires, établis par la direction générale de la Protection civile (Dgpc), parvenus hier à midi, à notre rédaction. Les services de ce corps constitué sont en alerte à El Bayadh, où le bilan des victimes des inondations s'est alourdi, avec la découverte, et le repêchage de quatre corps sans vie. Un centre de commandement a été mis en place, dans la wilaya et les secouristes ont été appuyés par leurs collègues d'Aïn Témouchent, Sidi Bel Abbès et Tiaret. Des équipes cynotechniques, dont cinq chiens au flair aiguisé, et dressés ont été mobilisées dans les opérations de recherches des portés disparus. Dans la wilaya de Tlemcen, les fortes précipitations ont provoqué la mort de quatre personnes, toutes membres d'une même famille... C'est ce que nous avons appris du capitaine Nassim Bernaoui, chef du bureau de l'information et de la communication auprès de la Dgpc. Dans les détails, ce responsable a affirmé que «les victimes se trouvaient à bord de leur voiture avant d'être surprises par la fulgurante montée des eaux de l'oued Delia, situé dans la commune de Bab El Assa». Il s'agit de deux hommes âgés de 22 et 73 ans et de deux femmes âgées de 59 et 69 ans. Ils se sont retrouvés aussitôt encerclés, puis emportés par les eaux de l'oued en crue. Les secouristes de la wilaya d'Oran, sont intervenus pour le pompage des eaux pluviales à travers plusieurs communes. Les intempéries ont également causé l'effondrement d'un balcon d'une ancienne bâtisse à la cité El Akri et ont provoqué un glissement de terrain à la rue dite, Soufi Zoubida. Fort heureusement, aucune victime n'a été déplorée. L'intervention rapide des secouristes de la wilaya de Mostaganem a permis le sauvetage de nombreuses personnes coincées à bord de trois véhicules cernés par les eaux pluviales à la plage El Motriba. Les précipitations enregistrées, il y a moins de deux semaines, avaient pour rappel causé de nombreux dégâts, notamment des pertes en vies humaines. Quatre décès ont été enregistrés à Tamanrasset et à Bordj Bou Arréridj. Les victimes ont été toutes emportées par la remontée des eaux des oueds en crue. Les dernières inondations se veulent être non seulement des rappels à renforcer les dispositifs d'anticipation, d'autant plus que les services de la météorologie mettent en garde quant à l'arrivée des précipitations, mais aussi une énième alerte de mort! Des précautions doivent être en effet prises de part et d'autre. En période d'alerte météo aux fortes précipitations, il faudrait éviter le plus possible de rouler, ou de se rapprocher des cours d'eau. Il faut aussi le dire, une prise de connaissance de la part des collectivités locales face aux risques d'inondations s'impose également pour éviter d'éventuelles catastrophes à venir. Les pluies automnales frappent aux portes, et l'entretien et le nettoyage des avaloirs doivent être de mise. C'est d'ailleurs le sens des instructions du ministre de l'Intérieur aux autorités locales du pays. Le travail de nettoyage est plus qu'important dans les circonstances du moment. Il est clair que les évènements d'El Bayadh, de Tlemcen de Bordj Bou Arréridj se répéteront immanquablement entre les mois de septembre et novembre. Cela dit, quoi qu'on dise sur le danger que représentent des précipitations localement abondantes, un apport en ressources hydriques est toujours le bienvenu dans un pays quasi désertique comme l'Algérie.