La lutte pour la désignation du mouhafedh fait rage entre les différents groupes du FLN. «On renouvelle les bureaux des mouhafadhas et puis on verra». C'est le maître-mot qui revient chez les dirigeants du FLN, décidément aveuglés par cette opération. Les projections les plus lointaines de l'activité du parti au pouvoir ne vont pas plus loin que le renouvellement des bureaux des mouhafadhas. Les plus téméraires des penseurs du FLN repoussent l'horizon de la réflexion jusqu'à l'élection ou la désignation du mouhafedh. Pourtant, le cap le plus difficile dans le toilettage FLNistes a été dépassé avec notamment le renouvellement des kasmas. Cette opération a été achevée presque à 99% même avec quelques rares contentieux qui subsistent encore. Pourquoi alors une telle attention et un pareil engouement pour une opération pourtant qualifiée de «très simple» par le porte-parole du parti, Saïd Bouhedja? Pourquoi la course effrénée du président de l'Assemblée et responsable des élus, Ammar Saâdani, dans le renouvellement des bureaux des mouhafadhas n'a-t-elle pas provoqué un effet d'entraînement chez les responsables du parti? Cette question appelle directement une autre interrogation: pourquoi les responsables de l'instance exécutive chargés de superviser l'opération par le secrétaire général du parti, ne se sont-ils pas entendus sur un calendrier de travail? La question parait insignifiante mais elle mérite d'être posée. Il suffit d'observer d'ailleurs, les disparités suivantes dans le rythme du travail: en un temps record, Ammar Saâdani a réussi le pari de renouveler les bureaux des mouhafadhas du centre du pays. Voilà un challenge qui n'a suscité aucune émulation. En total contraste avec M.Saâdani, le responsable de l'organique, Abdelkrim Abada, a tout simplement préféré attendre la fin du mois de Ramadhan pour entamer l'opération dans la région sud du pays à laquelle il a été désigné. Abdelkader Bounekraf avance très lentement dans les Hauts-Plateaux et la vallée du Chéliff. C'est avec le même rythme que Amar Tou entame l'opération au nord-est. La cadence de M.Tou sied également à Salah Goudjil au sud-est. Seul le porte-parole du parti, Saïd Bouhedja, talonne, dans son travail, M.Saâdani. Autant de questionnements qui trouvent leurs réponses dans le bouillonnement interne que vit actuellement le parti majoritaire. Si l'activité apparente du parti sur la scène politique a très fortement baissé, il n'en est pas de même dans les coulisses. «C'est une pratique politique spécifique au FLN: c'est quand on croit que le parti ralentit son activité que le gros du travail se fait dans les coulisses et avec des alliances et des affinités», note un responsable du parti, ancien ministre au temps du parti unique. La lutte pour la désignation du mouhafedh fait rage entre les différents groupes du FLN. On déterre les anciens conflits, les pro-Benflis, les redresseurs...on tisse de nouvelles alliances, on élimine des nouveaux militants, on critique les anciens, on dénigre...Tous les arguments, toutes les armes sont permis dans cette guerre. Les mouhafedhs constituent l'enjeu de l'heure pour les militants.