Les APC se substituent au Croissant-Rouge algérien censé être l'unique organisme habilité à entreprendre ce genre d'action. Le mois de Ramadhan constitue, chaque année, une occasion propice pour venir en aide, l'espace d'un mois, aux plus démunis. Ce qu'on a l'habitude de désigner par «couffin du Ramadhan» est une opération qui consiste à offrir à des familles dans le besoin des produits de première nécessité. L'aide, selon le ministre chargé de la Solidarité, est évaluée à plus de 5000 DA en denrées. Les APC se substituent au Croissant-Rouge algérien censé être l'unique organisme habilité à entreprendre à ce genre d'action. Dans le but de mettre fin à l'anarchie ayant caractérisé des années durant ce type d'opération, les responsables locaux sont déterminés à y mettre de l'ordre. Ainsi, pour l'aide en pain, octroyée par l'APC de Bouira et dont le montant global avoisine les 19 millions de dinars, une enquête a été diligentée pour tirer au clair cette affaire. Pour le mois de Ramadhan, une commission mixte, DAS-APC-wilaya et CRA, est mise sur pied pour tenter de maîtriser au maximum l'opération. Un responsable de la daïra de Bouira révélera la distribution entamée de 2000 couffins pour la daïra de Bouira. Pour Salah, un père de famille au chômage, «l'Etat fait des efforts pour atténuer les souffrances du citoyen mais l'aide n'arrive pas toujours aux méritants. Beaucoup de vrais nécessiteux, par orgueil, ne s'inscrivent pas. Ils comptent sur l'aide des proches et des voisins». Pour Ammi Rabah, un résident du quartier populaire 140 Logements: «C'est le caractère trop médiatique de l'opération qui amène certains à éviter de se faire connaître. Par le passé l'acte d'aide se faisait dans la discrétion. Aujourd'hui, il est accompagné de tout un tapage et certains élus profitent de l'occasion pour mener des campagnes électorales anticipées...». Ammi Omar, retraité de l'ex-unité Erriad est plus philosophe: «Aider un pauvre est un principe de notre religion. Quand on voit le nombre de pratiquants qui se bousculent aux portes des mosquées, on se dit qu'aucun nécessiteux ne peut rester sans f'tour. Hélas, les valeurs sont parties, laissant place à l'égoïsme et il n'est pas rare de voir le voisin de palier dans le besoin sans qu'aucun ne bouge le petit doigt...» Arab, enseignant, conteste: «L'action est conjoncturelle, le nécessiteux a besoin d'aide à tout moment pas seulement au mois de Ramadhan, à moins qu'on pense que les gens ne sont dans le besoin que durant ce mois seulement. Les pouvoirs publics ont consacré 3 milliards de DA à une opération qui touchera presque 6 millions de personnes alors qu'il donne 15 millions de DA à un candidat aux élections...» Dans la foulée, c'est une veuve, mère de deux enfants, percevant 3000 DA mensuellement qui nous interpelle: «Dites que les gens chargés de distribuer ces aides ne sont pas tous intègres, ils commencent par leurs familles et ne laissent que les miettes aux vrais nécessiteux. Ne me donnez pas des denrées alimentaires, mais un emploi durable à mes enfants au chômage.» Et Hamid, gardien contractuel à 10.000 DA le mois, de s'interroger: «Suis-je nécessiteux ou non?». Entre ces divers avis, l'opération initiée par l'Etat reste un fait qui atténuera plus ou moins les souffrances du peuple. Les commerçants qui ont une opportunité pour bien travailler peuvent participer à cet effort en évitant de spéculer sur les prix. Les responsables chargés de l'opération aussi sont responsables devant le Créateur et le citoyen «prendre la part d'un orphelin, d'un pauvre s'apparente à un crime...», pense ammi Omar, sexagénaire. Les restaurants «Er Rahma» aussi font l'objet d'une attention particulière. Si de par le monde, ce genre d'activité est confié à des associations bénévoles, en Algérie, l'administration s'y substitue et prend en charge et l'organisation et le volet financier d'où les doutes qui sont souvent injustifiés.